Un évêque catholique intégriste britannique a été condamné vendredi en Allemagne à une amende pour négationnisme, au terme d'une affaire qui a lourdement pesé sur les relations entre Berlin et le Vatican.

Richard Williamson, 70 ans, qui ne participait pas à son procès à Ratisbonne (sud de l'Allemagne), a été condamné à une amende de 10 000 euros pour «incitation à la haine raciale» après avoir mis en doute certains aspects de l'Holocauste.

Dans une interview réalisée à Rastibonne et diffusée par la télévision suédoise le 21 janvier 2009, l'évêque avait notamment déclaré: «Je pense que les chambres à gaz n'ont pas existé (...) Je pense que 200 000 à 300 000 Juifs sont morts dans les camps de concentration nazis, mais pas comme ça (...) Je ne pense pas que six millions de Juifs aient été gazés».

Condamné en premier lieu à une amende de 12.000 euros, l'évêque, qui a affirmé, par l'intermédiaire de son avocat, que ses propos n'étaient destinés qu'à être entendus en Suède, avait refusé de payer et faisait donc l'objet d'un procès.

La juge Karin Frahm a estimé qu'il était coupable parce qu'il s'était exprimé sur le sol allemand, et parce qu'il «pouvait escompter que ses propos feraient scandale» et seraient très largement repris par la presse.

L'avocat de Mgr Williamson, Matthias Lossmann, a expliqué que son client n'avait pas été autorisé par sa communauté religieuse, la Fraternité Saint-Pie X, à venir s'expliquer devant le tribunal. Il a convenu que les propos de l'évêque étaient «inadmissibles».

Mais il a argué du fait que l'évêque ne pouvait être tenu responsable du fait que ses déclarations, faites à une télévision suédoise, soient disséminées en Allemagne.

«Vu les circonstances, si je n'avais pas été convaincu que l'interview ne serait diffusée que par la télévision suédoise, je n'aurais jamais accepté sa diffusion», a affirmé Mgr Williamson, cité par son avocat devant le tribunal.

L'interview, diffusée alors même que le Vatican levait une excommunication à l'encontre de Mgr Williamson et de trois autres évêques intégristes, avait provoqué un tollé dans la patrie du pape Benoît XVI.

La chancelière Angela Merkel elle-même s'était émue de ces déclarations, et avait publiquement appelé le pape à condamner l'évêque.

Benoît XVI avait exprimé sa «pleine et indiscutable solidarité» avec les juifs et avait condamné la négation de la Shoah, sans pour autant revenir sur la réintégration de l'évêque intégriste.

Le Vatican, par la suite, avait appelé Mgr Williamson à «prendre sans équivoque et publiquement ses distances» avec ses déclarations sur la Shoah avant d'être admis aux fonctions épiscopales.

L'affaire avait toutefois laissé un malaise en Allemagne où, quelques mois plus tard, le pape essuyait à nouveau un flot de critiques à la lumière d'une série de scandales liés aux abus d'enfants par des prêtres catholiques.

Le tribunal de Ratisbonne avait à l'origine condamné l'évêque et lui avait proposé de s'acquitter d'une amende de 12.000 euros dans le cadre d'une procédure simplifiée qui aurait clos l'affaire.