Le Parlement ukrainien a voté jeudi en première lecture une loi conférant à cette ancienne république soviétique le statut de pays «non aligné» qui enterre le projet d'adhésion à l'OTAN, comme l'avait promis le président Viktor Ianoukovitch.

Ce texte préparé à l'initiative du chef de l'État a été approuvé par 253 députés sur un total de 450, grâce aux voix de la coalition parlementaire loyale à M. Ianoukovitch.

Jugé plutôt pro-russe, ce dernier mène depuis son élection en février une politique de rapprochement accéléré avec Moscou, farouchement opposé à la perspective de voir Kiev rejoindre l'Alliance atlantique.

«Le président propose de supprimer de l'ordre du jour la question (sur l'adhésion à l'OTAN, ndlr) qui divise la société» ukrainienne, majoritairement opposée à une intégration dans l'organisation euro-atlantique, a déclaré devant les députés le premier ministre, Mykola Azarov, en leur présentant le projet de loi.

Le document publié sur le site du Parlement établit les «principes de base» de la politique nationale, dont «le maintien par l'Ukraine d'une politique de non-alignement, ce qui signifie sa non participation à des unions militaro-politiques».

Il évoque «la poursuite d'une coopération constructive avec l'OTAN», mais ne fait aucune mention d'adhésion.

«Il n'y a aucun doute que ce choix sera perçu avec soulagement et compréhension par le monde», a poursuivi le chef du gouvernement.

Sans surprise, l'opposition pro-occidentale s'en est pris au nouveau document. «Ce projet de loi relève de la réalisation de la volonté du Kremlin», a lancé le député d'opposition, Ivan Zaïats.

L'adhésion à l'OTAN est «l'unique garantie de notre sécurité nationale» et l'abandon de cette idée «fait de notre pays une colonie de l'État voisin», a renchéri un autre parlementaire, l'ex-chef de la diplomatie Boris Tarassiouk, dans une claire allusion à la Russie voisine.

Le texte ne devrait pas subir d'amendements majeurs en vue de la dernière lecture attendue, selon le camp pro-présidentiel, la semaine prochaine.

Le président Ianoukovitch, qui a pris ses fonctions en février, a maintes fois fait comprendre qu'il ne soutenait pas l'adhésion de Kiev à l'OTAN, idée ardemment défendue par son prédécesseur pro-occidental Viktor Iouchtchenko et qui déplaisait souverainement au Kremlin.

L'Alliance atlantique, dont certains membres -- notamment l'Allemagne et la France -- sont réservés à l'égard de l'entrée de Kiev dans l'OTAN, avait promis d'accueillir un jour l'Ukraine et la Géorgie, une autre république soviétique, qui continue de réaffirmer cette aspiration.

En revanche, M. Ianoukovitch plaide tout comme son prédécesseur en faveur de l'entrée de son pays dans l'Union européenne, un «objectif» mentionné par le nouveau projet de loi parmi les priorités de Kiev.

Promettant de trouver un équilibre entre l'Est et l'Ouest, le nouveau président a rejeté la proposition de Moscou de rejoindre l'Union douanière que la Russie forme avec le Bélarus et le Kazakhstan, projet jugé incompatible avec le souhait de Kiev de former une zone de libre-échange avec l'UE.

Enfin, M. Ianoukovitch a laissé sans réponse l'invitation de son homologue russe, Dmitri Medvedev, d'entrer dans l'Organisation du Traité de sécurité collective (ODKB), surnommée l'«OTAN russe», émise lors de la visite du président russe à Kiev en mai.