Le «cannibale de Rouen», Nicolas Cocaign, 38 ans, qui avait tué un de ses codétenus et mangé un morceau de son poumon, a été condamné jeudi à 30 ans de réclusion criminelle, dont 20 ans de sûreté, par un tribunal de Rouen, dans l'ouest de la France.

La peine est conforme à celle qui avait été demandée par l'accusation, alors que la défense avait plaidé «l'irresponsabilité pénale». Nicolas Cocaign était accusé de meurtre et d'actes de torture et de barbarie.

«Un homme qui bascule dans l'horreur n'est pas nécessairement atteint de folie», avait affirmé la représentante de l'accusation, Elisabeth Pelsez, en estimant que le discernement de l'accusé était «altéré» mais pas «aboli» au moment des faits.

La procureur s'est conformée aux conclusions de la majorité des experts (cinq sur sept) qui, la veille, avaient dit à la barre que Nicolas Cocaign souffrait de troubles psychotiques mais restait partiellement responsable de ses actes.

«Il a tué parce qu'il est fou, complètement fou», a estimé au contraire Me Fabien Picchiottino, avocat de l'accusé.

Tout en jugeant les faits «dégueulasses, horribles, monstrueux et exécrables», l'avocat en a appelé aux valeurs anciennes de la société pour défendre «l'irresponsabilité pénale» de Nicolas Cocaign. «Depuis le siècle des Lumières, on ne juge plus les fous», a-t-il affirmé.

Me Picchiottino a estimé que ce dossier signait «la faillite d'un système» en mettant en cause la psychiatrie et la pénitentiaire. Il a notamment souligné que Nicolas Cocaign lui-même, tout comme ses parents adoptifs, avaient, à plusieurs reprises, signalé sa «dangerosité».

Le 2 janvier 2007, «obéissant à une pulsion d'agressivité», selon les mots de celui que la presse surnomme «le cannibale de Rouen» et qui attendait d'être jugé pour une tentative de viol, Nicolas Cocaign a frappé à coups de poings, de pieds et avec une lame de ciseaux son codétenu Thierry Baudry, avant de l'achever en l'étouffant avec des sacs poubelles.

Un peu plus tard, il a décidé de préparer son repas du soir et c'est à ce moment, a-t-il rapporté lors d'une audience, que lui est venue l'idée de manger le coeur de sa victime: «Je prends une lame de rasoir et je lui ouvre la poitrine. J'enfonce ma main et je lui prends ce que je croyais être le coeur, mais qui était en fait un morceau de poumon que je mets dans un tupperware».

Nicolas Cocaign en a mangé une partie crue puis fait cuire le reste dans une poêle avec des oignons. «Je l'ai fait par curiosité pour manger de la chair humaine».

Un troisième détenu, présent dans la cellule, n'avait pas osé intervenir. Il s'est suicidé en prison en 2009.

Petit homme au cheveu rare et court, à la barbe taillée et au visage marqué par des tatouages, Nicolas Cocaign avait expliqué lors de son procès avoir cédé à une «pulsion d'agressivité» et être «passé à l'acte pour être pris au sérieux».

Abandonné quelques semaines après sa naissance par sa mère, enfant turbulent suivi dès six ans par un psychologue, Nicolas Cocaign a assuré avoir été victime d'un viol à l'âge de treize ans.

Durant les premiers jours du procès, la justice a aussi examiné les dysfonctionnements de la prison de Rouen, qui souffrait ainsi de «surpopulation chronique», selon un rapport cité au procès.