Les dix agents russes renvoyés à Moscou dans le cadre de l'échange historique d'espions avec Washington sont soumis à des interrogatoires par les services secrets russes et certains d'entre eux souhaitent obtenir une nouvelle identité, a rapporté mardi la presse russe.

«Une partie (des agents) a exprimé le souhait de changer de prénom et de nom dans le cadre du programme de protection des témoins», a déclaré une source au sein des forces de l'ordre à l'agence russe Interfax.

Plus tôt dans la journée, le quotidien populaire Moskovskïi Komsomolets, citant une source au sein des services spéciaux, avait rapporté que les dix espions étaient actuellement retenus dans une enceinte spéciale des services secrets russes, où ils sont soumis à des interrogatoires.

«De l'aéroport, (où ils ont atterri vendredi), ils ont directement été conduits à Iassenevo (région de Moscou), où se trouvent des quartiers» du SVR, le service de renseignement extérieur, selon la source du quotidien.

«Pour le moment, les agents travaillent avec des spécialistes. Ils essayent de clarifier comment leur couverture a pu sauter», a-t-on indiqué de même source.

Selon les informations du quotidien, ils seront relâchés dans les semaines à venir, si l'enquête démontre qu'ils n'ont pas commis de fautes graves lorsqu'ils travaillaient comme agents aux États-Unis.

«Pour clarifier tous les détails, des interrogatoires sont menés avec différentes sortes de tests, y compris un détecteur de mensonges», a précisé la même source.

«Cela ne devrait pas être appelé un interrogatoire au sens propre du terme. Mais s'il se trouve que de graves erreurs ont été commises, les espions, les employés du SVR, pourront être licenciés», a-t-elle ajouté.

Selon les informations du journal, les téléphones portables ne fonctionnent pas dans l'enceinte du bâtiment où les agents sont retenus et ceux-ci n'ont pas le droit de quitter les lieux.

Parmi ceux-ci se trouve la figure emblématique de cette affaire, Anna Chapman, dont les photos intimes et les détails sur sa vie sexuelle ont fasciné les médias.

La source de Moskovskïi Komsomolets réfute les informations diffusées dans les médias américains et affirmant que les autorités du pays ont pris la décision d'accélérer l'arrestation des espions russes aux États-Unis après un appel téléphonique fin juin d'Anna Chapman, à son père à Moscou, un ancien agent du KGB.

«Les agents savent quoi faire dans ces situations. Elle ne se serait pas tournée vers son père», précise cette source.

En Russie, la popularité d'Anna Chapman est telle que le journal Gorodskie Vesti, de sa ville natale de Volgograd, a lancé un concours, intitulé «Aidons les nôtres avec une bonne chanson», qui récompensera la meilleure chanson composée à son sujet.

Vendredi, les États-Unis ont remis à la Russie dix agents contre quatre prisonniers russes, dont trois condamnés pour espionnage au profit des Occidentaux. Les médias russes ont souligné la semaine dernière l'amateurisme des espions russes, arrêtés fin juin aux États-Unis.