Le Vatican a profité des nouvelles règles sur les agressions sexuelles pour faire de l'ordination des femmes un «crime grave» selon le droit canonique.

«Ce sont tous des crimes graves, mais à des niveaux différents», a expliqué le procureur pour les crimes sexuels du Vatican, Charles Scicluna, durant une conférence de presse à Rome. «Ce sont simplement tous des crimes graves selon le droit canonique de l'Église.»

Gilles Routhier, théologien à l'Université Laval, explique qu'il s'agit de fautes au regard des sacrements. «Certes, il y a la pédophilie des prêtres, mais il y a aussi des choses à propos de la confession. Ce n'est pas une comparaison. Cela dit, les femmes qui ont été ordonnées sont automatiquement excommuniées et un prêtre qui avait fait une homélie à une cérémonie d'ordination de femmes prêtres avait été puni.»

L'annonce vise justement les prêtres qui sympathisent avec les femmes désireuses de devenir prêtres, selon le groupe américain Roman Catholic Womenpriests, qui regroupe 100 femmes ordonnées depuis la première cérémonie, en 2002, sur le Danube.

Échelle des péchés

«Comment un appel spirituel à la prêtrise peut-il se retrouver dans la même catégorie de péché que la pédophilie? demande le groupe dans un communiqué. Nous suggérons que le Vatican écoute la douleur des victimes des abus du clergé: les religieuses, les femmes prêtres et les laïques, qui sont tout autant des victimes de l'Église que les personnes qui ont subi des agressions sexuelles.»

Qu'est-ce que le droit canonique?

Le droit canonique est l'ensemble des règlements internes de l'Église catholique. Il a été compilé du IVe au XIe siècle puis systématisé jusqu'à recevoir son nom moderne, tiré du mot grec kanôn, qui signifie «règle», au début du XIIe siècle. Suivront une série d'amendements et de révisions jusqu'au début du XXe siècle, quand le concile Vatican I a fait la première réforme en profondeur du droit canonique. Le code en vigueur actuellement date de 1983 et tient compte du concile Vatican II.