Environ 400 personnes ont assisté dimanche à Paris à la cérémonie nationale «à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français», 68 ans après la rafle du Vel d'Hiv où 13 152 juifs furent arrêtés par police française à la demande des nazis.

Cette cérémonie officielle, organisée chaque année par le ministère de la Défense, a rendu hommage aux juifs arrêtés au cours de la rafle du Vel d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942, mais aussi aux «Justes parmi les nations», ces hommes et femmes qui ont porté secours à des juifs et permis de sauver de nombreuses vies.

Cette rafle, ordonnée par l'occupant allemand et exécutée par la police de Vichy, reste «une tache dans notre conscience nationale et une indignité dans l'histoire de notre pays», a déclaré le secrétaire d'État aux Anciens combattants, Hubert Falco.

La rafle du Vel d'Hiv est devenue le symbole de la «collaboration» avec l'occupant nazi d'un appareil d'État français alors replié à Vichy (centre) et dirigé par le maréchal Philippe Pétain.

«L'État français a trahi la France», a poursuivi M. Falco devant le monument commémoratif où étaient présents élus, autorités civiles et militaires et représentants d'associations.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Richard Prasquier a mis en garde contre le «confusionnisme que nous risquons», qui «ne cherche pas à oublier ou à nier» mais «à trivialiser», «une route ouverte à tous les amalgames».

Il s'est offusqué d'avoir pu entendre des slogans comme «Israéliens nazis» lors des manifestations de soutien à la flottille qui tentait d'atteindre le port de Gaza en mai.

Le président de l'Union des déportés d'Auschwitz, Raphaël Esrail, a souhaité que les victimes des camps de la mort disposent d'un mémorial à Birkenau qui, a-t-il dit, «manque cruellement à l'Europe d'aujourd'hui», pour que «l'Europe de demain ait pleinement conscience de son histoire».

L'ancien ministre rescapée des camps Simone Veil a estimé que «les lieux de la déportation qui existent toujours devraient être protégés pour que l'on sache ce qu'il s'y est passé».

Les autorités françaises ont mis beaucoup de temps, après la guerre, à reconnaître le rôle de l'État dans la déportation des juifs de France. Ce n'est qu'en 1995 que le président Jacques Chirac prononça des paroles historiques, attendues pendant des décennies par la communauté juive.

Environ 76 000 juifs de France furent déportés. Ils étaient 300 000 dans le pays au début de la guerre. Environ 2 500 survécurent à la Shoah.