Des voix discordantes ont commencé à s'élever à droite en France contre la politique jugée «choquante» voire «ignoble» du président Nicolas Sarkozy vis-à-vis des Roms, après une série de démantèlements musclés de camps illégaux en France.

Cette politique est choquante. On se moque des Français. Les problèmes de sécurité ne tiennent pas à quelques camps de Roms», a dénoncé lundi le député du parti présidentiel UMP François Goulard dans le quotidien Le Parisien.

Ce proche de l'ex-premier ministre Dominique de Villepin, ennemi à droite de Nicolas Sarkozy, estime qu'«on donne des gages à une partie de l'opinion pour une efficacité à peu près nulle. C'est de la poudre aux yeux».

En 15 jours, une quarantaine de camps illégaux de Roms ont été démantelés en France et quelque 700 personnes sont en voie d'être expulsées en Roumanie ou en Bulgarie. Signe d'un nouveau tour de vis sécuritaire, Nicolas Sarkozy a aussi prévenu qu'il entendait priver de la nationalité française certains criminels d'origine étrangère.

Cette politique a été violemment critiqué à l'ONU pour le lien établi entre immigration et insécurité, tandis qu'en France, le pouvoir est accusé à gauche de promouvoir un «racisme d'Etat» à moins de deux ans de la présidentielle.

Pleinement assumé par le gouvernement et les proches du président, ce discours sécuritaire qui avait en partie valu à Nicolas Sarkozy son élection en 2007 passe mal dans une partie de la majorité.

Ainsi, le député UMP Jean-Pierre Grand a dénoncé à plusieurs reprises le tour «ignoble» que prenait l'expulsion des Roms, condamnant des «méthodes qui rappellent les rafles pendant la guerre».

«Peut-on être un député de la République et laisser faire cela sans réagir quand on découvre que les forces de l'ordre, intervenant très tôt le matin, trient les familles, les hommes d'un côté, les femmes et enfants de l'autre, avec menace de séparer les mères et les enfants?», s'est insurgé l'élu, proche de Villepin.

De son côté, l'ex-ministre Christine Boutin, présidente du Parti chrétien démocrate (allié à l'UMP), a appelé son camp à cesser de «cultiver la peur», affirmant que «la stigmatisation de telle ou telle communauté exacerbe la violence».