Une enquête judiciaire sur les attentats sanglants qui avaient fait 52 morts dans les transports publics londoniens en juillet 2005 s'est ouverte lundi à Londres avec une minute de silence à la mémoire des victimes.

L'audience a débuté en milieu de matinée à la Royal Courts of Justice de Londres avec un hommage aux 52 victimes, dont les noms ont été lus un à un dans une salle bondée.

Quatre kamikazes avaient fait exploser leurs bombes dans les transports publics de la capitale britannique le 7 juillet 2005, trois dans le métro et un dans un bus, causant la mort de 52 personnes et faisant 700 blessés.

L'enquête ouverte à la demande des familles n'est pas un procès et personne ne sera condamné au terme du processus. Mais elle est présidée par un juge qui devra déterminer si la réponse des services de secours a été à la hauteur, et si les attentats auraient pu être anticipés par les services de renseignements.

La procédure doit durer au moins cinq mois, et permettra d'entendre les témoignages de survivants et de visionner des vidéos inédites.

484 témoignages seront présentés, parmi lesquels 240 personnes qui devraient témoigner oralement à l'audience.

La juge en charge de l'enquête, Heather Hallett, a mis en garde contre le caractère «extrêmement pénible» de certains témoignages, films ou enregistrements des services de secours sur ces événements «aux conséquences dévastatrices».

Les bombes «ont frappé indistinctement des innocents, tuant et blessant sans distinction des passagers qui se rendaient simplement à leurs activités quotidiennes», a déclaré Hugo Keith, avocat indépendant qui contribue à l'instruction.

«Certaines questions pourraient rester sans réponse, et certaines échapper au champ de l'enquête», a-t-il reconnu. Mais il s'est dit «confiant» que l'enquête «aboutisse à des conclusions sur les causes directes et indirectes des morts, aussi bien que sur les responsabilités et les leçons qui peuvent être tirées».

Les familles comptent sur la justice pour demander aux responsables de la sécurité pourquoi ils n'ont pas stoppé à temps les kamikazes Mohammad Sidique Khan et Shehzad Tanweer, bien que ces derniers aient été sous surveillance depuis début 2004.

«Je souhaite que l'enquête se demande si des erreurs ont été commises ou si des failles existaient dans le système en place», avait souligné avant l'audience Ros Morley, dont le mari Colin, 52 ans, est décédé dans les attentats survenus en pleine heure de pointe.

Selon des documents soumis à l'enquête, la police aurait découvert après coup qu'elle avait en sa possession depuis 1986 des empreintes de Mohammad Sidique Khan. Par ailleurs, 17 des personnes tuées ne seraient pas mortes sur le coup, l'une d'entre elles aurait même survécu 40 minutes.

Les services de renseignements intérieurs (MI5) ont demandé à ce que certains dossiers, qui, selon eux, pourraient menacer la sécurité du pays restent confidentiels.

Le rapport d'enquête n'est pas attendu avant le printemps prochain. Il a fallu attendre plus de cinq ans après les faits pour l'ouverture de cette enquête, à cause d'une première investigation concernant trois personnes suspectées d'avoir participé à la préparation des attentats.

Ces trois personnes ont été blanchies pour ce chef d'inculpation, mais deux d'entre elles ont été condamnées pour conspiration terroriste.

Les bombes ont explosé alors que le premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair, rencontrait ses homologues en Écosse pour un sommet du G8, et au lendemain de l'attribution à Londres de jeux Olympiques de 2012.