En France, les travailleurs de l'industrie pétrolière ont refusé, lundi, de reprendre le travail pour mettre fin à la pénurie de carburant, tandis que les étudiants affrontaient la police et que les camionneurs se joignaient aux manifestants qui s'opposent à la réforme des retraites voulue par le gouvernement Sarkozy.

Les transporteurs aériens ont été avisés de réduire considérablement leurs vols vers la France mardi, alors que d'autres manifestations nationales sont prévues et que le fonctionnement du transport aérien, des transports en commun, des écoles et d'autres institutions risque d'être fortement perturbé.

Les grévistes bloquent l'accès à une douzaine de raffineries et à plusieurs dépôts de pétrole depuis une semaine, pour dénoncer l'intention du président Nicolas Sarkozy de porter l'âge de la retraite de 60 à 62 ans. Le projet fera l'objet d'un débat au Sénat mercredi.

Des automobilistes paniqués se sont rués vers les stations-service et en ont trouvé plusieurs à sec, tandis que les autorités aériennes ont demandé aux avions effectuant de courtes distances de s'assurer d'avoir suffisamment de carburant pour rentrer.

Des travailleurs en grève ont incendié des barricades de pneus lundi devant une raffinerie de Grandpuits, à l'est de Paris, après que les autorités eurent émis un ordre juridique exigeant que certains travailleurs reprennent les opérations. Les grévistes ont refusé.

Des dizaines de pétroliers restaient bloqués en Méditerranée, à l'extérieur des deux ports pétroliers de Marseille, où les travailleurs sont en grève depuis plus de trois semaines pour protester contre la réforme des installations portuaires et contre la réforme des retraites.

Le premier ministre François Fillon a promis, dimanche, de faire le nécessaire pour éviter les pénuries d'essence, affirmant que le gouvernement ne permettrait pas qu'elles nuisent à l'économie du pays.

Le président de l'Union française des industries pétrolières, Jean-Louis Schilansky, a assuré que les réserves de pétrole étaient suffisantes pour «quelques semaines». Mais il a prévenu que si les grévistes continuaient de bloquer l'accès aux dépôts de pétrole et si les camionneurs se joignaient au mouvement, il y aurait «un gros problème».

Les camionneurs se sont joints au débrayage et ont ralenti la circulation sur les autoroutes lundi. Des chaînes de télévision ont montré des images de camions et de voitures participant à une «opération escargot» sur la principale autoroute reliant Paris à Lille.

Le gouvernement a mis sur pied, lundi, un centre de coordination de la crise au ministère de l'Intérieur, qui se concentre sur le conflit dans le secteur pétrolier.

À Paris et dans ses banlieues, des étudiants ont incendié des pneus et des voitures, érigé des barricades et affronté la police anti-émeute.

À Nanterre, une centaine d'élèves du lycée Joliot-Curie ont tenté de bloquer l'accès à leur école et la police a répliqué avec des balles de caoutchouc. Au total, 261 établissements scolaires ont été bloqués lundi, selon le ministère de l'Éducation.

Les syndicats des cheminots, en grève depuis la semaine dernière, ont prolongé le débrayage jusqu'à mardi pour coïncider avec plus de 200 manifestations prévues dans la journée - le sixième jour de grève en un mois.

La Direction générale de l'aviation civile a ordonné aux transporteurs aériens d'annuler 50 pour cent de leurs vols mardi à l'aéroport d'Orly, et 30 pour cent de leurs vols dans les autres aéroports du pays, notamment à Charles-de-Gaulle. La plupart des perturbations devraient concerner les vols de courte et moyenne distances.

Près de la moitié des trajets en TGV ont été annulés lundi, selon la Société nationale des chemins de fer. Les trains Eurostar fonctionnaient normalement entre Paris et Londres.