Le président français Nicolas Sarkozy a accepté samedi soir la démission de son gouvernement, première étape avant un remaniement ministériel annoncé depuis de longs mois, censé redynamiser la fin de mandat du chef de l'État avant la présidentielle de 2012.

Le président, qui a mis fin aux fonctions du premier ministre François Fillon, ne procèdera pas dès samedi soir à la nomination du futur premier ministre, chargé de constituer la nouvelle équipe gouvernementale, a précisé la présidence française.

«François Fillon a présenté au président de la République la démission du gouvernement», indique la présidence dans un communiqué. «Le président de la République a accepté cette démission et a ainsi mis fin aux fonctions de François Fillon», ajoute le texte.

Nicolas Sarkozy a annoncé cette démission après avoir reçu par deux fois le premier ministre sortant. Selon plusieurs sources gouvernementales et à l'UMP (Union pour un mouvement populaire, droite, au pouvoir), François Fillon devrait être renommé à son poste.

Le numéro deux du gouvernement, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, qui convoite également ce poste, a été reçu quant à lui en fin d'après-midi par Nicolas Sarkozy. Rien n'a filtré de cet entretien.

Cette démission, suivant une procédure habituelle, est la première étape d'un remaniement gouvernemental très attendu et qui était prévu, selon des sources gouvernementales et à l'UMP, pour lundi.

Le président français a décidé d'accélérer le calendrier, alors que l'ancien premier ministre Alain Juppé a annoncé implicitement son arrivée au gouvernement. Il devrait, selon des sources gouvernementales, prendre le portefeuille de ministre de la Défense.

Le remaniement, qui doit déboucher sur un gouvernement «resserré», devrait notamment être marqué par les départs de Bernard Kouchner des Affaires étrangères et de Michèle Alliot-Marie de la Justice.

Dans l'attente de la nouvelle équipe, le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes, de sorte qu'il n'y a pas de vacance de pouvoir.

Le chef de l'État français, au plus bas dans les sondages, compte sur ce  remaniement pour redynamiser la fin de son mandat, dans la perspective de la présidentielle de 2012.

Annoncé depuis cinq mois, ce changement d'équipe a donné lieu ces dernières semaines à une âpre bataille Fillon-Borloo, les deux favoris pour le poste de premier ministre.

Populaire, bon vivant et vanté par un proche du président comme un «orfèvre en matière sociale», M. Borloo, ancien avocat d'affaires de 59 ans n'a pas su convaincre la majorité. Il a été décrit par des élus de droite comme «brouillon» et «cyclothymique», incapable de «tenir Matignon».

De son côté, François Fillon, 56 ans, a confirmé début novembre au président son souhait de rester à la tête d'un gouvernement qu'il dirige depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, en vantant son bilan social et en mettant en garde contre des «virages tacticiens».

Le premier ministre, qui a mis du temps à trouver sa place à côté de l'«hyperprésident», soigne son style austère, s'appuie sur une cote de popularité très supérieure à celle du chef de l'État et compte de nombreux soutiens chez les parlementaires de droite.

À l'UMP toutefois, certains proches de Jean-Louis Borloo, voulaient encore croire samedi aux chances du numéro deux du gouvernement pour succéder à M. Fillon.

L'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui s'est souvent opposé à François Fillon, s'est prononcé samedi en faveur de Jean-Louis Borloo, disant craindre «le conservatisme» et le «statu quo» qui pourraient à ses yeux compromettre des chances de victoire de la droite à la présidentielle de 2012.