De violents accrochages ont opposé policiers et étudiants pendant plusieurs heures, jeudi à Londres, alors que les députés votaient avec une majorité réduite un projet de loi sur l'augmentation des droits universitaires qui a mis à mal la coalition au pouvoir depuis huit mois.

Trente-huit manifestants et dix policiers ont été blessés, dont plusieurs sérieusement, selon un dernier bilan de la police. Vingt-deux personnes ont par ailleurs été interpellées, dont trois pour agression sur des policiers, a ajouté la police, qui a dénoncé la présence de casseurs.

Lors de la manifestation qui a rassemblé des milliers de personnes, des étudiants ont tenté à plusieurs reprises de repousser un cordon de police à proximité du parlement, où était débattu le projet de loi. Des policiers ont répondu avec des coups de matraque, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des protestataires ont bombardé de projectiles, dont des pierres et des bâtons, les policiers en tenue anti-émeutes. En début de soirée, une fois le projet de loi adopté, un groupe a cassé des vitres blindées du ministère des Finances, tentant en vain d'entrer dans le bâtiment.

La Rolls Royce qui transportait le prince Charles et son épouse Camilla a aussi été attaquée par des manifestants qui ont endommagé une fenêtre de la voiture et jeté de la peinture blanche sur le véhicule noir, sans cependant blesser le couple qui se rendait au théâtre.

Au plus fort de la mêlée, un reporter de la BBC couvrant les incidents de la journée en direct est apparu à l'antenne coiffé d'un casque.

Les policiers avaient mis en garde contre une répétition des violences survenues en marge de précédentes protestations estudiantines. Mi-novembre, la première manifestation contre le projet de loi avait dégénéré, un groupe saccageant l'immeuble abritant le quartier général du parti conservateur au pouvoir.

«Augmenter les droits d'entrée à l'université ne fait que créer de graves divisions sociales», a estimé jeudi un manifestant, Andrea Baptiste.

Des étudiants ont peint des slogans «policiers enc....» et «éducation pour les masses» sur la statue de l'ancien Premier ministre conservateur Winston Churchill, située en face de la Chambre des Communes.

Au terme de débats mouvementés, les députés britanniques ont porté d'ici 2012 le plafond des droits universitaires en Angleterre de 3290 livres (5225 dollars) par an à 6000 livres, et dans des «circonstances exceptionnelles» à 9000 livres.

Le projet de loi a été adopté avec seulement 323 voix pour, 302 députés votant contre. La majorité du gouvernement de coalition, qui est d'habitude d'au moins 83 députés, a été réduite à 21.

Ce projet a provoqué de profondes divisions au sein du gouvernement et plus particulièrement au sein des libéraux-démocrates, partenaires clés des conservateurs dans le cabinet.

Les «lib dem» s'étaient engagés pendant la campagne pour les législatives en mai à ne pas augmenter les frais d'inscription à l'université. Le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg a avancé l'actuelle cure d'austérité pour justifier la hausse des droits universitaires.

Les manifestants, essentiellement des étudiants, ont été rejoints jeudi par des membres d'autres syndicats et des militants de diverses organisations qui entendaient élargir la contestation à l'austérité décrétée par le gouvernement. «Il est temps que l'ensemble du mouvement syndical joigne ses forces», a déclaré Bob Crow, secrétaire général du syndicat des transports RMT.

A l'annonce des résultats du vote, une étudiante, Anna Campbell, a fondu en larmes. «Je suis tellement énervée. Mais ce n'est pas la fin, on va continuer à se battre», a-t-elle prévenu.