Des heures d'attente pour prendre un train ou un avion. Des nuits passées dans les salles des aéroports ou des gares. La neige provoque un chaos inimaginable en Europe. La Commission européenne a qualifiéla situation d'«inacceptable» hier. Notre collaborateurs'est rendu à la gare londonienne de Saint-Pancras, où l'Armée du Salut est venue en aide aux voyageurs éprouvés.

«Attendre le jour dans un immeuble, ce n'est pas si terrible, mais attendre dehors alors qu'il fait nuit, c'est vraiment horrible!»

David n'en peut plus. Il est 15h30, le soleil a disparu derrière les immeubles et il fait la queue à l'extérieur de la gare de Saint-Pancras depuis le milieu de la matinée avec sa compagne.

Dans le nord de Londres, ce grand édifice de brique rouge accueille les trains de passagers à destination et en provenance du continent, que ce soit vers la France, par le service Eurostar, ou vers la Belgique, l'Allemagne et les Pays-Bas, avec Thalès. Les fortes chutes de neige du week-end dernier sur le nord de l'Europe ont arrêté puis fortement ralenti leur circulation. Le site internet anglais d'Eurostar précise qu'«une limite de vitesse» est appliquée sur ses lignes, ce qui rallonge les trajets de deux heures.

Le transporteur conseillait hier aux personnes qui voulaient néanmoins prendre le train d'arriver une heure avant l'heure prévue de leur départ afin de monter dans l'un des trains suivants, «après une attente estimée d'au moins trois heures».

Sur place, la situation se révèle encore pire. La file d'attente qui serpente à l'intérieur de la gare ne laisse aucun espace libre, se prolonge à l'extérieur de l'immeuble, qu'elle longe en redescendant jusqu'à son entrée, puis elle emprunte la principale avenue du quartier sur 500 à 600 m.

Distribution de tentes

Pour les derniers arrivants, cela signifie sans doute six heures de progression pas à pas.

«Je n'ai pas vraiment le choix puisque mon mari nous attend pour un Noël en famille en Normandie,» explique Laurence, accompagnée de ses deux enfants, couverts d'épais habits de la tête aux pieds. «Il a eu de la chance, il est parti jeudi pour un voyage d'affaires et n'a pas pu revenir.»

À mi-chemin, l'Armée du Salut a monté une tente où elle distribue du café ou du thé aux vaillants futurs vacanciers.

La nuit précédente, les bénévoles ont distribué des tentes à ceux qui avaient choisi de dormir sur place. Leur nombre n'a cessé de croître puisque les rejetés des aéroports de Heathrow ou de Gatwick viennent tenter leur chance du côté de Saint-Pancras.

En effet, les deux principaux aéroports d'Angleterre ont été fermés samedi après-midi, jusqu'à dimanche soir. Ils ne fonctionnent que partiellement depuis, ce qui a engendré d'innombrables retards et obligé des milliers de passagers à dormir sur place.

Aide de l'armée

La colère à l'égard du gouvernement, critiqué pour ne pas avoir agi assez rapidement malgré des ennuis similaires l'an dernier, ne cesse de grandir.

Le premier ministre, David Cameron, a proposé l'aide de l'armée afin d'aider à déneiger le premier aéroport européen et s'est déclaré «frustré». BAA, l'exploitant des aéroports de Heathrow et de Gatwick, a pourtant estimé qu'il n'avait pas besoin de l'armée pour le moment, une réponse jugée «scandaleuse» par GMB, l'une des principales fédérations syndicales du pays.

La situation n'est guère plus joyeuse à Dublin, où les vols internationaux ont été de nouveau suspendus hier tout l'après-midi.

À Paris, où des milliers de passagers ont dormi dans les aéroports dimanche et lundi, le trafic aérien est revenu à la normale, tout comme à Bruxelles, qui a dû accueillir des avions incapables de se poser à Heathrow.

Enfin, des centaines de vols ont été annulés à Francfort et à Munich. Devant ce capharnaüm, le commissaire européen aux transports Siim Kallas s'est dit «extrêmement préoccupé par les perturbations que la neige a causées aux voyageurs en Europe. C'est inacceptable et cela ne devrait pas se reproduire».