Un attentat suicide à la bombe a fait lundi entre 29 et 35 morts, selon différents bilans, à l'aéroport international de Moscou-Domodedovo, alors que la Russie est régulièrement visée par des attaques revendiquées par une rébellion islamiste du Caucase russe.

Les images diffusées par les télévisions russes montraient de nombreux corps étendus dans le hall de l'aéroport envahi par une épaisse fumée, alors que les témoins parlaient de scènes de carnage.

Une certaine confusion entourait le bilan, le ministère de la Santé faisant état de 29 morts, celui des Situations d'urgence de 31, tandis que l'aéroport avançait le chiffre de 35 morts.

L'agence Interfax, citant une source policière, a indiqué qu'un Britannique et d'autres ressortissants étrangers ont été tués.

Selon le ministère des Situations d'urgence, 152 blessés ont été décomptés, dont 58 ont été hospitalisés.

Le Comité d'enquête de Russie a indiqué avoir ouvert une enquête pour «acte de terrorisme» suite à l'explosion qui a eu lieu à 16h32 locale, précisant qu'il s'agissait «a priori» d'une attaque suicide.

Une source policière a par ailleurs confié à l'agence Interfax que la tête «de type arabe» de l'auteur présumé de l'attentat avait été trouvée sur les lieux du drame.

«On a retrouvé la tête d'un homme de type arabe âgé de 30-35 ans. Il a probablement déclenché l'engin explosif», a déclaré cette source.

Les autorités russes accusent régulièrement des mercenaires arabes de soutenir sur le terrain la rébellion qui mine le Caucase russe depuis le début de la première guerre de Tchétchénie en 1994.

D'autres sources policières ont indiqué aux agences russes que les forces de sécurité étaient prévenues de l'imminence d'un attentat dans l'un des aéroports de Moscou. L'agence Interfax a pour sa part évoqué la piste tchétchène.

«Les enquêteurs étaient à la recherche de trois suspects, mais ceux-ci ont réussi à s'introduire sur le territoire de l'aéroport, à observer l'explosion déclenchée par leur complice et à quitter les lieux», a indiqué une source à Ria Novosti.

L'explosion a eu lieu dans la salle des arrivées internationales, là où les familles et les chauffeurs de taxi attendent les voyageurs.

Domodedovo est le principal aéroport russe en termes de voyageurs, avec environ 22 millions de passagers en 2010, selon le site de l'aéroport. Au total, 77 compagnies y travaillent dont British Airways et Lufthansa.

Le président russe Dmitri Medvedev a réagi moins de deux heures plus tard en ordonnant la mise en place d'un «régime de sécurité spécial» dans les gares et les aéroports du pays.

M. Medvedev, qui a reporté sine die son départ prévu mardi pour la Suisse pour assister au Forum économique mondial de Davos, a aussi estimé que les mesures de sécurité n'avaient pas été appliquées correctement.

«Ce qui s'est passé montre que les lois censées être mises en oeuvre sont loin de fonctionner correctement», a-t-il jugé.

Selon des sources policières, la bombe était d'une puissance équivalente à sept kilogrammes de TNT. Des témoins parlant aux médias russes ont pour leur part indiqué avoir entendu deux explosions.

«J'ai entendu d'un coup entendu un grand claquement, comme si quelque chose tombait. Personne n'a rien compris à ce qui se passait», a raconté à l'AFP Elena, une hôtesse de l'air de la compagnie allemande Lufthansa, «tout le monde était en état de choc».

«Quelque chose de terrible s'est produit ici. Des dizaines de personnes sont évacuées sur des brancards, des chariots», a déclaré à la radio russe City FM un témoin, Andreï, qui se trouvait sur place au moment du drame.

Les réactions de l'étranger ne se sont pas fait attendre: Washington, l'OTAN, l'Union européenne, Paris, Londres et Berlin ont tous condamné l'attaque.

Suite à cet attentat, la police a renforcé les mesures de sécurité dans les transports publics de la capitale russe, en particulier dans le métro.

Deux stations du métro de Moscou ont été visées en mars 2010 par des attentats suicide qui ont fait quarante morts. Cette attaque a été revendiquée par la rébellion qui lutte contre les forces russes dans les républiques du Caucase du Nord (Tchétchénie, Ingouchie, Daguestan...)

Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

Photo: archives AFP

L'aéroport de Moscou.

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