Des milliers d'Allemands ont formé dimanche une chaîne humaine à Dresde, dans l'est de l'Allemagne, pour commémorer les victimes du bombardement allié de 1945 et protester contre un rassemblement de néo-nazis qui voulaient instrumentaliser cet anniversaire.

Dans la matinée, le chef du gouvernement régional de Saxe, Stanislaw Tillich, et de nombreuses personnalités politiques et religieuses ont déposé des gerbes au cimetière Heide où sont enterrées nombre des quelque 25 000 victimes (en trois jours) des bombardements anglo-américains de février 1945.

Et un peu plus tard, 17 000 manifestants antifascistes ont formé une chaîne symbolique sur 3 km dans la vieille ville, malgré une pluie glacée, pour signifier leur opposition aux groupes néo-nazis qui devaient manifester dans l'après-midi.

Le maire-adjoint Detlef Sittel a salué ce «signe de détermination» et s'est dit «fier et reconnaissant» envers les participants à cette chaîne humaine.

«Je ne vais pas les laisser régner sur cette journée!», a déclaré Brigitte Siebert, 64 ans, l'un des participants, en parlant des néo-nazis.

«Ma mère a vu Dresde brûler (en 1945), on ne peut pas oublier ça», a ajouté cette femme qui arborait une rose blanche comme nombre des participants à cette manifestation.

De leur côté, 600 personnes ont répondu à l'appel de l'association «Dresde sans nazis», qui a organisé à grand renfort de mégaphones, de sifflets et de musique, des rassemblements pour «déranger» les néo-nazis.

«Notre objectif est clair: les défilés nazis à Dresde doivent s'arrêter», a dit une porte-parole de l'organisation, Franziska Radtke.

Toutefois, le défilé des néo-nazis, prévu à 14h00 GMT, n'avait toujours pas commencé deux heures plus tard.

Des milliers de policiers ont délimité pour eux un parcours d'environ 3,5 km à travers Dresde, bloquant les accès avec leurs véhicules et des barrières, afin de permettre aux néo-nazis de défiler comme le leur a ordonné un tribunal.

Vers 15h30 GMT, environ 500 néo-nazis étaient rassemblés près de la gare, alors que les forces de l'ordre étaient mobilisées en masse avec canon à eau, hélicoptères et police montée pour éviter tout heurt, des milliers de militants antinazis s'étant massés le long du parcours.

Chaque année, les néo-nazis cherchent à instrumentaliser à des fins de propagande l'anniversaire de ce terrible bombardement aux bombes incendiaires, qui détruisit une grande partie de cette ville de l'est de l'Allemagne du 13 au 15 février 1945.

L'an dernier, les contre-manifestants avaient réussi à les empêcher de défiler. Mais cette année, ils ont obtenu une décision de justice les autorisant à manifester et contraignant la police à protéger leur défilé.

D'autres rassemblements néo-nazis et antinazis sont prévus samedi 19 à Dresde.

Une commission d'historiens avait conclu l'an dernier que 25 000 personnes avaient péri sous les 650 000 bombes incendiaires larguées par les Américains et les Britanniques sur la ville.