Le chef du parti d'opposition Fine Gael Enda Kenny a exigé samedi une renégociation du plan de sauvetage international de l'Irlande, dont il juge certaines clauses «punitives», considérant pour acquise sa victoire aux législatives dans l'île avant même la proclamation des résultats.

«Nous allons agir là-dessus la semaine prochaine. J'ai déjà eu des contacts ce jour-même», a déclaré Enda Kenny, interrogé sur la télévision publique RTE à propos de ses intentions de demander un allègement du plan d'aide signé fin novembre avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour un montant de 85 milliards d'euros.

«Ce plan est mauvais pour l'Irlande et pour l'Europe», a-t-il ajouté, répétant un slogan maintes fois utilisé durant la campagne électorale. M. Kenny, leader de l'opposition qui devrait être annoncé comme le vainqueur des législatives irlandaises de vendredi à l'issue du dépouillement, a promis d'exiger une réduction du taux d'intérêt auquel l'UE prête à Dublin, dans le cadre du plan, et qu'il juge «punitif».

Il entend également demander une modification des coûts de la restructuration des banques irlandaises, en demandant aux détenteurs d'obligation qu'ils supportent une partie des pertes.

«Je vois une marge de manoeuvre en ce qui concerne le taux d'intérêt et le coût de la restructuration des banques», a-t-il ajouté.

Interrogé sur ses chances de convaincre Bruxelles du bien fondé de ses intentions, M. Kenny a estimé que l'Europe prendrait en compte «des résultats des élections» irlandaises.

Selon un sondage sortie des urnes diffusé samedi par la radio-télévision publique RTE, le Fine Gael (centre) a recueilli 36,1% des suffrages lors des législatives de vendredi, son meilleur résultat depuis 1982.

«Je pense que nous allons avoir entre 72 et 75 sièges», contre 51 actuellement, a déclaré le secrétaire général du Fine Gael, Tom Curran.

Le parti d'Enda Kenny échouerait ainsi à réunir la majorité absolue des 84 sièges (sur un total de 166), le contraignant à s'allier à des indépendants ou, plus probablement, à former une coalition avec le Labour, une formation de gauche avec laquelle il a déjà gouverné. Ce parti a remporté 20,5% des voix, selon RTE, soit au moins 38 députés, contre 20 actuellement.

Le chef de file du Labour, Eamon Gilmore, a confirmé que «l'issue la plus probable» serait «une coalition». «Si nous finissons dans les 70-75 sièges, un gouvernement stable ne peut être formé que grâce à une coalition Fine Gael/Labour», a renchéri Michael Noonan, un des porte-paroles du Fine Gael.

Le sondage confirme également le naufrage attendu du parti au pouvoir: le Fianna Fail ne recueillerait que 15,1% des voix, le pire score de son histoire. La formation centriste, qui dominait la vie politique irlandaise depuis 80 ans, devrait voir le nombre de ses députés divisé par plus de trois, ne réussissant à sauver qu'une vingtaine de ses 73 sièges.

«Nous acceptons le résultat» des élections, a déclaré le Premier ministre sortant Brian Cowen, qui fait les frais de son soutien au plan d'aide international. Le chef du gouvernement sortant avait accepté ce programme avec réticence, pliant sous le poids d'un déficit public astronomique (32% du Produit intérieur brut en 2010). Mais l'appel à l'aide de l'étranger a meurtri la fierté nationale. Le scrutin de vendredi s'est ainsi transformé en référendum sur le plan.

Les premiers résultats officiels encore très partiels, portant sur environ 40% des sièges vers 23h00 GMT, semblaient confirmer le sondage de RTE: le Fine Gael emporte 36% des voix, le Labour 19% et le Fianna Fail 17%. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant une heure avancée de la nuit, voire dimanche.