Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accueilli favorablement les demandes de changement qui ont balayé le monde arabe, mais des protestataires affirment qu'il ignore de semblables appels de la part de la minorité kurde de son pays.

Des activistes pro-Kurdes l'accusent d'hypocrisie, et ont entamé une campagne de désobéissance civile pour demander des concessions culturelles et politiques destinées aux Kurdes, qui représentent environ 20 pour cent des 74 millions de Turcs.

Le chef du principal parti kurde turc, Selahattin Demirtas, a déclaré que le peuple kurde cherchait lui aussi sa place Tahrir, faisant référence à cet endroit du Caire où des semaines de manifestations ont forcé la démission du président égyptien Hosni Moubarak. M. Demirtas a également dénoncé le fait que le premier ministre avait envoyé des félicitations au Caire, mais des chars et des bombes au Kurdistan turc.

La Turquie est une démocratie en développement, et possède une histoire de réformes qu'on ne retrouve pas chez ses voisins, mais la question kurde continue d'être un obstacle majeur à l'harmonie nationale. La campagne a déjà mené à une série de manifestations ayant duré toute une nuit, une législatrice kurde frappant un policier au visage, un autre menaçant de lancer une pierre à des policiers et un maire sautant sur le toit d'un transport de troupes blindé.

Cette campagne risque fort d'envenimer la situation dans le sud-est du pays, une région volatile, au cours de la campagne menant aux élections du 12 juin, où le parti kurde Paix et Démocratie tentera d'empêcher la formation au pouvoir d'établir une tête de pont dans son château fort.

La campagne coïncide également avec une hausse de la violence entre l'armée turque et les rebelles kurdes après une accalmie de six mois au cours de l'un des conflits les plus anciens de la planète.