Les services secrets russes ont annoncé vendredi avoir tué en Tchétchénie un militant saoudien présenté comme étant le représentant d'Al-Qaïda dans cette république musulmane du Caucase russe et comme l'organisateur de plusieurs attentats suicide en Russie.

La liquidation de ce Saoudien, répondant au nom de guerre Moganned, a été présentée par les forces de l'ordre russes comme un succès, assurant qu'il était l'un des dirigeants de la rébellion islamiste qui ensanglante le Caucase.

Cette annonce intervient après une longue controverse autour de la mort annoncée puis démentie du numéro un des rebelles, Dokou Oumarov.

Trois rebelles, parmi lesquels Moganned, ont été tués jeudi au cours d'une opération dans le district de Chali (est de la Tchétchénie), a annoncé le comité antiterroriste auprès des services secrets (FSB).

«L'un des rebelles a été identifié comme l'émissaire de l'organisation terroriste internationale Al-Qaïda», selon le comité. Le ministère tchétchène de l'Intérieur a indiqué que son vrai nom était «Khaled Ioussef Mouhammed Al Emirat», né en 1969.

Moganned était un influent chef de guerre qui «a directement participé à la préparation de pratiquement tous les attentats suicide en Russie ces dernières années», affirme le comité.

Selon «l'Émirat du Caucase», le mouvement d'Oumarov, Moganned a tenté un putsch au sein de la rébellion en août 2010.

Une partie des rebelles de Tchétchénie, dont le militant saoudien, a alors retiré son soutien au chef de la guérilla caucasienne, mais ce dernier a pu se maintenir à la tête du mouvement, fort du soutien des autres groupes islamistes de la région.

Selon un site proche de la rébellion, kavkazcenter.com, Moganned est un vétéran des combats en Bosnie, au Kosovo, aux Philippines et en Afghanistan.

Il s'est installé en Tchétchénie en 1999, sous le commandement de Khattab, un chef de guerre arabe tué par les Russes en 2002.

«Après la liquidation de Khattab en 2002, ensuite de son successeur Abou Walid en 2004 et d'Abou Khafs en 2005, Moganned est devenu de facto le principal garant du financement de la rébellion depuis l'étranger», a indiqué un responsable du comité antiterroriste, Nikolaï Sintsov.

Selon lui, il préparait «le transfert depuis la Géorgie de nouveaux rebelles au printemps-été 2011, afin d'installer son contrôle total de la rébellion dans le Caucase du Nord». Le comité relève aussi que Moganned était le «concurrent» de Dokou Oumarov.

Fin mars, plusieurs médias citant des sources policières avaient assuré que Dokou Oumarov, alias Abou Ousman, qui combat les forces russes depuis la première guerre d'indépendance de la Tchétchénie (1994-1996), avait été tué lors d'une opération militaire en Ingouchie.

Par le passé, il avait déjà été donné pour mort à de nombreuses reprises.

L'intéressé a appelé le 8 avril le service de la radio américaine Radio Free Europe/Radio Liberty pour le Caucase du Nord, déclarant être «absolument en bonne santé» et jurant qu'il ne laisserait «aucun répit» à la Russie.

Oumarov était devenu en juin 2006 le «président» indépendantiste de la Tchétchénie, mais en octobre 2007, ce fanatique religieux a dépassé la simple lutte pour l'indépendance en se proclamant chef d'un «Émirat du Caucase», visant à s'étendre sur toute la région.

Ce mouvement, composé d'une multitude de groupes armés, a porté le combat hors de Tchétchénie, et désormais la plupart des républiques caucasiennes sont le théâtre d'attaques et d'attentats.

Ravagée par deux guerres successives avec les forces russes depuis 1994, la Tchétchénie est depuis 2004 sous le contrôle du président local Ramzan Kadyrov, qui se vante d'avoir maté la rébellion avec ses milices redoutées et stabilisé la république.