L'avocat de John Demjanjuk, jugé en Allemagne pour avoir participé à l'Holocauste comme garde de camp d'extermination nazi, a réclamé mardi l'acquittement de son client, qu'il a présenté comme une «victime de la justice allemande».

Devant le tribunal de Munich qui juge Demjanjuk, 91 ans, depuis novembre 2009, Me Ulrich Busch s'est appuyé sur un document de l'organisation chargée de faire la lumière sur les crimes nazis prouvant, selon lui, son innocence.

«Une culpabilité individuelle n'est pas évidente au vu des documents présentés», est-il indiqué dans ce rapport de 2003 de la Centrale pour l'élucidation des crimes du national-socialisme, installée à Ludwigsburg (sud-ouest).

Ce document avait été établi après consultation des données compilées par les autorités américaines sur l'accusé.

L'avocat avait déjà indiqué avant le début de ses plaidoiries, qu'il allait demander l'acquittement de son client jugé pour pour avoir participé entre mars et septembre 1943 au meurtre de près de 27 900 juifs au camp de Sobibor, aujourd'hui en Pologne.

Il a aussi dit à plusieurs reprises que si Demjanjuk était acquitté il réclamerait une indemnisation pour son incarcération.

Mardi il a voulu également présenter son client comme une victime, affirmant que, quelle que soit l'issue du procès, Demjanjuk avait «perdu pour toujours».

Que ce soit «derrière les murs d'une prison ou derrière les murs d'une résidence pour personnes âgées, il dépérira dans l'anonymat le plus total», a souligné M. Busch.

Selon l'avocat, lorsque la loi rendant l'assassinat imprescriptible a été votée, «on ne pouvait pas imaginer» qu'un jour on pourrait poursuivre, comme dans l'affaire Demjanjuk, un suspect presque 70 ans après les faits.

Son client risque 15 ans de prison. L'accusation a réclamé une peine de six ans pour complicité d'assassinat dans 27 900 cas. Le verdict pourrait être prononcé la semaine prochaine.

M. Demjanjuk, né en Ukraine mais aujourd'hui apatride, avait été fait prisonnier par les Allemands pendant la guerre alors qu'il servait dans l'Armée rouge.

Il a déjà purgé huit ans de prison en Israël, accusé d'avoir été gardien au camp de Treblinka sous le surnom d'«Ivan le Terrible». Condamné à mort en 1988, il avait été acquitté par la Cour suprême israélienne en raison de doutes sur son identité.

M. Demjanjuk, dont l'état de santé a considérablement ralenti un procès auquel il participe sur un brancard ou en fauteuil roulant, a été expulsé vers l'Allemagne en mai 2009 au terme d'une longue bataille judiciaire.

Quelque 15 historiens, juristes, experts médicaux et graphologues, se sont succédés à la barre durant son procès. Trois déportés survivants du camp ont également témoigné, ainsi qu'un ancien garde.

Mais l'accusation ne disposait d'aucun témoin ou document à charge. Elle veut faire établir qu'il était bien garde à Sobibor. Il aurait donc, selon elle, obligatoirement participé aux meurtres perpétrés entre mars et septembre 1943.