Le «dernier dictateur d'Europe» a décidé d'en finir avec l'opposition. Cette semaine, trois candidats à la dernière présidentielle en Biélorussie ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu'à cinq ans. Deux autres ex-candidats attendent leur peine. Alors que l'ex-république soviétique est au bord de la faillite, le régime autoritaire d'Aleksander Loukachenko se durcit.

Cinq ans de colonie pénitentiaire. C'est la peine coup-de-poing que s'est vu imposer samedi dernier l'opposant biélorusse Andreï Sannikov pour avoir orchestré des «troubles massifs» le soir de l'élection du 19 décembre.

Hier, deux autres candidats à ce scrutin présidentiel ont été condamnés à 24 mois de prison avec sursis. Deux autres attendent leur verdict. Les organisations de défense des droits de l'homme et les pays occidentaux - dont le Canada - ont dénoncé ces procès «politiques».

Rappelons les faits. À la fermeture des bureaux de scrutin, le 19 décembre, huit des neuf candidats de l'opposition avaient appelé leurs partisans à se réunir sur une place centrale de Minsk, la capitale. Ils voulaient protester contre une élection «falsifiée» d'avance, selon eux, par le «dernier dictateur d'Europe», surnom que l'ex-secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice avait donné à Loukachenko. Environ 30 000 personnes s'étaient présentées, soit au moins 3 fois plus que lors de l'élection précédente, en 2006.

Après plus de deux heures de manifestations pacifiques, des protestataires avaient entrepris de casser les fenêtres du parlement en utilisant tout ce qui leur tombait sous la main. La Presse, qui était sur place, avait pu constater que les candidats de l'opposition, censés mener la foule, étaient plutôt dépassés par la tournure des événements et la détermination de leurs partisans. Les leaders avaient toujours appelé à des manifestations pacifiques et continuaient à le faire.

En quelques minutes, les forces de l'ordre avaient repris la situation en main, dispersé la foule et arrêté 600 personnes. Lors de leur interpellation, Andreï Sannikov et plusieurs autres opposants avaient été violemment battus.

Deuxième avec... 2,4% des voix

Si le candidat Sannikov, ancien diplomate, a obtenu la peine la plus sévère, c'est peut-être parce qu'il a représenté la plus grande «menace» pour la réélection de l'autoritaire Aleksander Loukachenko, au pouvoir depuis 17 ans: il avait terminé deuxième avec officiellement... 2,4% des voix, contre près de 80% pour le président sortant.

Au total, cinq des neuf candidats de l'opposition auront donc été jugés pour leur rôle dans les troubles postélectoraux. Plus d'une trentaine de leurs sympathisants ont également reçu des peines de un à deux ans de prison. Un autre candidat à la présidentielle, Ales Mikhalevitch, a quant à lui préféré fuir la justice et a obtenu l'asile politique en République tchèque.

«Pour Loukachenko, ces procès sont un message à la population biélorusse: quiconque osera descendre dans la rue pour demander un changement de régime se retrouvera en prison», croit Aleksander Milinkevitch, candidat en 2006 et toujours figure de proue de l'opposition.