L'audition de Ratko Mladic devant le juge serbe pour les crimes de guerre, à Belgrade, a été interrompue en raison de l'état de santé de l'accusé et les médecins détermineront vendredi si Mladic peut comparaître, a indiqué à la presse son avocat, Milos Saljic.

Le juge «a essayé d'interroger Ratko Mladic mais il n'y est pas parvenu, car il se trouve dans une condition psychologique et physique difficile. Il est difficile d'établir tout moyen de communication avec lui», a indiqué l'avocat.

«Le juge a décidé d'interrompre l'interrogatoire. Pendant la journée de demain (vendredi), les médecins détermineront s'il est en mesure de comparaître devant le tribunal» serbe pour les crimes de guerre, a poursuivi Me Saljic.

«Le juge n'a pas même réussi à obtenir des informations élémentaires» sur lui. «Vous ne pouvez pas avoir une conversation régulière avec lui. Vous lui demandez une chose, il répond une autre», a expliqué l'avocat.

«Je pense qu'il relève d'un établissement de santé où il doit être traité», a-t-il dit.

Selon Bruno Vekaric toutefois, le porte-parole du Tribunal serbe pour les crimes de guerre, Ratko Mladic s'est identifié formellement devant le juge et était parfaitement en mesure de communiquer.

«Il ne ressemble pas à l'homme que nous connaissions dans les années 1990», a-t-il cependant admis.

L'avocat a indiqué que Ratko Mladic, 69 ans, avait, dans l'un de ses rares propos, déclaré qu'il ne reconnaissait pas l'autorité du Tribunal pénal international (TPIY) pour l'ex-Yougoslavie. Ratko Mladic a également demandé à son avocat des nouvelles de sa famille.

L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie était armé de deux pistolets lors de son arrestation dont il n'a pas fait usage «car il savait que les gens qui venaient l'arrêter étaient de jeunes officiers faisant leur travail», a encore déclaré Me Saljic.

L'audition avait pour but de signifier à Mladic l'acte d'accusation à son encontre, pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995)

Quelques journalistes ont aperçu Ratko Mladic de dos, entouré de deux gardes, se déplaçant avec difficulté, traversant la cour du Tribunal spécial pour les crimes de guerre où il était arrivé auparavant.

Ratko Mladic devait subir tout d'abord un examen médical, selon la procédure légale.

Une veste bleue, une casquette de la même couleur, cheveux blancs, les journalistes ont aperçu l'homme de dos pendant quelques secondes s'engageant dans un couloir avant de disparaître.

Des sources proches du Tribunal avaient précisé un peu plutôt à l'AFP que Ratko Mladic, 69 ans, était en «assez mauvaise condition» physique.

Ratko Mladic doit se faire signifier l'acte d'accusation à son encontre. La procédure aura lieu à huis-clos.

Son transfèrement vers la Haye, le siège du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pourrait demander jusqu'à une semaine, selon les services du Procureur serbe pour les crimes de guerre.

Le TPIY a inculpé Ratko Mladic pour génocide notamment, pour son rôle dans le massacre de Srebrenica, qui a coûté la vie à quelque 8000 musulmans de Bosnie, adultes et adolescents, tués par les forces serbes de Bosnie.