Si l'on en croit ce qui se raconte sur l'internet, Martine Aubry souffre d'un cancer, est alcoolique et vit depuis plusieurs années avec un avocat intégriste acquis à «l'islamisation» de la France.

Or, la réalité est bien différente, et l'intéressée a décidé de stopper la machine à rumeurs. «Il y a un moment où, dans une démocratie, il faut arrêter un certain nombre de pratiques», a dit Mme Aubry, qui aspire à représenter le Parti socialiste à l'élection présidentielle du printemps 2012.

Par la voix de son avocat, elle a envoyé récemment des mises en demeure à plusieurs sites qui relaient des faussetés à son sujet. Ceux qui refuseront de rectifier le tir seront poursuivis en diffamation, a-t-elle assuré.

Selon le Journal du dimanche, Martine Aubry s'est aussi adressée personnellement à deux représentants de la droite qui ont, selon elle, cherché à propager des rumeurs sans fondement. L'un serait un ancien préfet aujourd'hui en poste à l'Élysée, et l'autre aurait été ministre sous Jacques Chirac.

Bien qu'elle n'ait pas ouvertement ciblé la droite, Mme Aubry a prévenu qu'elle disposait «d'informations précises sur tout cela» et pourrait éventuellement divulguer des noms.

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a aussi suggéré que le gouvernement actuel jouait un rôle dans la propagation des rumeurs. «On nous avait promis une campagne redoutable; on ne suivra pas ceux qui veulent entraîner la campagne présidentielle sur ce terrain-là», a-t-il prévenu.

Les ténors de la droite n'ont pas du tout apprécié ces allusions. Hier, le premier ministre, François Fillon, a assuré en entrevue à Europe 1 que la majorité n'avait «rien à voir» avec les «rumeurs détestables» sur Martine Aubry. Il s'est dit outré que l'on puisse imaginer que le gouvernement participe à une «campagne de caniveau» contre un adversaire politique alors que les élus sont «concentrés sur la gestion du pays, sur les débats».

Selon une enquête du Monde, la plupart des rumeurs émanent de sites d'extrême droite qui critiquent depuis des années la dirigeante socialiste, notamment ses actions à titre de mairesse de Lille.

Ces sites font aussi grand cas du fait que le mari de Mme Aubry, Jean-Louis Brochen, a défendu en 2003 un groupe de lycéennes qui étaient menacées d'expulsion parce qu'elles portaient le voile, ainsi qu'un membre d'un gang islamiste. L'avocat s'est déjà expliqué à ce sujet dans les médias il y a quelques années. «Je suis contre le voile et encore plus clairement contre la burqa, mais c'est l'honneur d'un avocat que de faire en sorte qu'un individu ait toujours quelqu'un pour le défendre», a-t-il expliqué.

Les auteurs du site nationaliste Riposte laïque, qui critique vertement Martine Aubry «pour sa connivence avec les islamistes», se sont félicités de sa sortie publique sur les rumeurs. Ils assurent qu'ils ne propagent que des faits et qu'ils ne se laisseront pas intimider par les menaces de la candidate socialiste, qu'ils présentent comme l'une des «pires adversaires de notre modèle républicain, laïque, social et civilisationnel».

L'éditorial est accompagné d'une caricature représentant une Martine Aubry voilée qui menace de «faire un procès» au prochain qui l'accuse d'être «copine avec les islamistes».