Anders Behring Breivik, un Norvégien proche de l'extrême droite, a reconnu samedi, selon son avocat, être responsable du carnage qui a fait au moins 92 morts à Oslo et dans ses environs, le pire acte de violence commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale.

«Il reconnaît les faits», a déclaré dans la soirée l'avocat Geir Lippestad à la télévision norvégienne NRK. «Il explique que c'était cruel, mais qu'il devait mener ces actions à leur terme», a-t-il rapporté, ajoutant que les attaques avaient «vraisemblablement été planifiées sur une longue période».

Breivik est considéré par les enquêteurs comme l'auteur des deux attaques de vendredi, l'explosion d'une bombe de forte puissance dans le centre d'Oslo et le massacre à l'arme à feu commis ensuite sur l'île d'Utoeya, proche de la capitale norvégienne.

Sur la foi des informations qu'il a mises en ligne sur l'internet, l'homme est un Norvégien «de souche» âgé de 32 ans et «fondamentaliste chrétien», a déclaré un responsable de la police, Roger Andresen, précisant que ses opinions politiques se situaient «à droite».

Selon un mémoire de 1.500 pages qu'il a publié sur Internet avant les faits et que l'AFP s'est procuré, Anders Behring Breivik préparait activement son opération depuis l'automne 2009 au moins.

Il y détaille les préparatifs de son action, évoquant «l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses» et dit s'attendre à être perçu «comme le plus grand monstre depuis la Seconde Guerre mondiale».

Breivik a été arrêté sur l'île à la suite de la tuerie. «Le suspect s'est rendu dès que la police est arrivée sans opposer de résistance», a déclaré le commissaire Sveinung Sponheim, de la police d'Oslo.

La tuerie a duré «environ une heure trente», a-t-il dit, précisant que l'homme avait deux armes à feu, dont une de poing.

La police a déclaré que le suspect n'avait pas expliqué ses motifs.

Mais un élément pourrait être fourni par une longue vidéo publiée sur YouTube, contenant de violentes diatribes contre l'islam, le marxisme et le multiculturalisme, et attribuée samedi par des médias norvégiens à Breivik.

À la fin de ce document, le suspect apparaît sur trois photos, dont l'une le montre en position de tir avec un fusil d'assaut.

Publiée le jour des attaques, la vidéo décrit l'islam comme «la principale idéologie génocidaire». «Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel», est-il également écrit.

Les deux cibles des attaques ont été le gouvernement travailliste du premier ministre Jens Stoltenberg et un rassemblement de la jeunesse du Parti travailliste à Utoeya.

Le Parti du Progrès (FrP), une formation de la droite populiste norvégienne, a annoncé que le suspect avait adhéré au parti en 1999 et l'avait quitté en 2006. «Cela m'attriste encore plus d'apprendre que cette personne a été parmi nous», a déclaré la présidente du FrP, Siv Jensen.

Dans un message mis en ligne en 2009 sur le site de débats www.document.no, Breivik reprochait au FrP «sa soif de vouloir satisfaire les attentes multiculturelles et les idéaux suicidaires de l'humanisme».

Selon la fondation Expo, un observatoire des groupes d'extrême droite basé à Stockholm, le suspect avait été inscrit en 2009 sur un forum extrémiste suédois sur internet. Baptisé Nordisk, ce forum créé en 2007 déclare défendre «l'identité, la culture et les traditions nordiques».

Sur son profil sur Facebook, l'homme à la chevelure blonde mi-longue se décrit comme «conservateur», «chrétien», célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que «World of Warcraft» et «Modern Warfare 2».

Sur Facebook, le suspect se présente aussi comme directeur de Breivik Geofarm, une ferme biologique qui lui a donné accès à des produits chimiques susceptibles d'être utilisés pour la confection d'explosifs.

Une centrale d'achat agricole a indiqué samedi qu'il avait acheté début mai six tonnes d'engrais chimiques.

Le carnage, qualifié de «tragédie nationale» par M. Stoltenberg et qui a suscité une vague d'indignation et de compassion à travers le monde, a débuté par un attentat à voiture piégée en plein coeur du quartier des ministères à Oslo, qui a fait sept morts et neuf blessés graves.

Peu après, le suspect a ouvert le feu sur les participants d'une université d'été de la jeunesse du Parti travailliste sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale.

L'homme s'est introduit dans le camp en prétendant vouloir s'assurer de la sécurité du rassemblement après l'explosion d'Oslo. Puis il a commencé à tirer sur les participants. Il portait un pull avec le sigle de la police lorsqu'il a été arrêté.

Selon un nouveau bilan établi samedi par la police, au moins 85 personnes ont été tuées sur l'île, et quatre ou cinq personnes sont encore portées disparues. Des témoins ont rapporté que plusieurs jeunes avaient tenté de fuir l'île à la nage.

Un journaliste de l'AFP a vu des policiers à bord de bateaux sonder les eaux à la recherche d'éventuelles victimes supplémentaires.

La Croix-Rouge norvégienne a aussi indiqué que ses plongeurs prenaient part aux recherches autour de l'île.

Les survivants ont été rassemblés à quelques kilomètres de là, à l'hôtel Sundvolden. Le roi Harald de Norvège, la reine Sonja, le prince héritier Haakon, M. Stoltenberg et des ministres ont leur rendu visite.

L'armée et la police ont renforcé la sécurité des bâtiments et institutions après la double attaque, la plus sanglante en Europe depuis les attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid, qui avaient fait 191 morts.

Photo: AFP/Facebook

Anders Behring Breivik