Des milliers de manifestants frustrés par le plan d'austérité du gouvernement espagnol sont retournés sur la Puerta del Sol de Madrid, samedi, les policiers ayant finalement quitté l'endroit après l'avoir investi quelques jours plus tôt dans l'intention de chasser les derniers campeurs.

Près de 5 000 manifestants ont regagné la place centrale samedi matin. Ils ont ensuite quitté les lieux de manière pacifique, permettant aux autorités de nettoyer l'endroit, fréquenté par les touristes et les amateurs de magasinage durant la fin de semaine.

Pendant ce rassemblement improvisé, les manifestants ont chanté «Sol a brillé ce soir». Il faisait ainsi référence au nom de la place centrale, mais aussi au soleil, désigné par le mot «sol» en espagnol.

Jeudi, des affrontements ont fait sept blessés chez les policiers, et treize chez les manifestants. Quatre personnes, dont un journaliste, ont été détenues pour la nuit.

Le journaliste concerné, Gorka Ramos, suit les manifestations en direct à partir de son compte Twitter et de son site Web de nouvelles, lainformacion.com.

Sur ce site, il est indiqué que, selon des rapports, M. Ramos aurait craché au visage, puis agressé des policiers. Mais le site a diffusé un communiqué samedi, dans lequel il est écrit que «dans une vidéo diffusée dans tous les médias, il apparaît que des policiers d'une escouade anti-émeute ont entouré M. Ramos, le plaquant au sol et l'assénant de coups de pied pendant qu'il se démenait à leur expliquer qu'il se contentait de faire son travail».

Les manifestants ont été dérangés par les actions des policiers, qui les ont empêchés pendant quatre jours d'ériger un nouveau camp sur la Puerta del Sol, où ils manifestent depuis le mois de mai.

Des centaines de personnes se sont rassemblées dans au moins sept autres villes du pays pour afficher leur soutien aux manifestants. Une manifestation regroupant plus de 500 personnes a eu lieu sur la place centrale de Barcelone, la Plaza de Catalunya.

Avant que la police ne se retire, des manifestants blessés durant les affrontements de jeudi sont retournés vers les barrières formées par les policiers afin de les supplier de les laisser entrer sur la Puerta del Sol. Un manifestant, la main droite enveloppée d'un bandage, a tendu une fleur en direction d'un agent de police. Il a toutefois dû se contenter d'une poignée de main.

Les organisateurs de la manifestation ont annoncé sur leur site Web qu'ils prévoyaient manifester à nouveau sur la place centrale, samedi soir. Ils ont dit espérer «continuer leur travail» sur la Puerta del Sol, sans toutefois y «ériger de tentes ou y installer un campement».

Plusieurs propriétaires d'entreprises dans le secteur de la Puerta del Sol ont dénoncé les manifestations continues tenues à cet endroit. Ils prétendent que celles-ci nuisent à leurs affaires, car les consommateurs sont rebutés par les grandes foules.

L'Espagne peine à se relever d'une récession qui dure depuis près de deux ans, et qui est principalement attribuable à l'explosion de la bulle immobilière. Le taux d'inemploi, qui frôle les 21 pour cent, y est le plus élevé de la zone euro. Les jeunes de 16 à 29 ans sont particulièrement touchés, 35 pour cent d'entre eux étant sans emploi.