Un ancien général de police jugé pour avoir assassiné en 2000 le journaliste ukrainien Guéorgui Gongadzé a accusé mardi l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma de faire partie des commanditaires du meurtre, a indiqué l'avocate de la veuve du journaliste.

Interrogé mardi dans le cadre du procès, Olexi Poukatch, qui a avoué avoir personnellement étranglé la victime, «a cité le nom de Koutchma» parmi ceux des commanditaires, a indiqué à l'AFP l'avocate Valentyna Telitchenko à l'issue de l'audience, qui se déroule à huis clos.

Parmi les commanditaires évoqués par l'accusé figurent aussi Iouri Kravtchenko, ministre de l'Intérieur à l'époque, et Volodymyr Litvine, président du Parlement actuel et chef de l'administration présidentielle, a-t-elle précisé.

«Il n'y a que le témoignage de Poukatch qui l'affirme», a ajouté l'avocate, soulignant qu'il n'y avait pas de preuves pour l'appuyer.

Le journaliste Gongadzé, fondateur de l'influent journal en ligne Ukraïnska Pravda, avait disparu le 16 septembre 2000 à Kiev. Son corps décapité avait été découvert peu après dans une forêt.

L'opposition avait mis en cause M. Koutchma, président de 1994 à 2005, et plusieurs de ses proches, dont MM. Kravtchenko et Litvine, sur la foi d'enregistrements audio présentés comme des conversations entre ces responsables et réalisés clandestinement dans le bureau présidentiel par un des gardes du corps de l'ex-président.

Sur ces bandes, un homme ayant une voix ressemblant à celle de M. Koutchma suggérait de «faire enlever Gongadzé par des Tchétchènes».

L'ex-président Koutchma n'est inculpé que d'abus de pouvoir dans cette affaire alors que M. Kravtchenko, qui s'est suicidé dans les circonstances mystérieuses en 2005, a été identifié en 2010 comme «l'instigateur et le commanditaire de ce crime» par le parquet.

L'affaire Gongadzé avait ébranlé l'Ukraine en 2000 et mené à la Révolution orange, soulèvement populaire pro-démocratique en 2004.