Les députés suisses ont adopté mercredi contre l'avis du gouvernement la motion «Bas les masques» visant à interdire le port de la burqa dans certains lieux publics, dont les transports en commun.

La motion, proposée par le député de l'UDC (droite populiste, le plus grand parti suisse) Oskar Freysinger, a été adoptée par 101 voix contre 77.

Elle doit encore être votée par le Conseil des États (chambre haute).

«À l'heure où l'insécurité grandit dans nos rues, de plus en plus de personnes dissimulent leur visage derrière une cagoule, un masque ou un voile intégral. Cela rend l'identification de ces personnes impossible, un fait particulièrement ennuyeux en cas de violences, de contrôles d'identité...», explique M. Freysinger.

Le texte impose donc que «quiconque s'adresse à une autorité fédérale, cantonale ou communale dans l'exercice de la fonction de celle-ci, soit tenu de se présenter à visage découvert».

En outre, «l'utilisation des transports publics est interdite aux personnes dont le visage est masqué».

Par ailleurs, la motion prévoit que «les autorités peuvent (...) interdire ou restreindre l'accès aux bâtiments publics à de telles personnes lorsque cette mesure paraît propre à garantir la sécurité des autres utilisateurs».

La participation à une manifestation sur le domaine public est également interdite aux personnes dont le visage est masqué, mais les autorités peuvent prévoir des «exceptions pour les festivités ou célébrations comportant généralement l'usage de masques ou autres accessoires similaires».

M. Freysinger estime que «l'État doit pouvoir exiger de citoyens libres dans un pays libre qu'ils se montrent à visage découvert».

Pour sa part, le gouvernement a notamment estimé qu'un «champ d'application aussi étendu du point de vue géographique (toute la Suisse), qui ne pourrait se baser en outre sur aucun besoin de sécurité nationale, dépasserait la compétence de réglementation de la Confédération prévue par la Constitution».

Mais les autorités souhaitent «nouer des contacts avec les cantons à ce sujet, afin d'assurer le respect de notre culture qui veut que le visage d'autrui soit visible lors de rencontres dans les espaces publics et que l'on tienne compte ainsi de notre conception de la dignité humaine».

D'autres initiatives telles que la motion adoptée mercredi par les députés ont également été lancées au niveau régional en Suisse. Les citoyens du Tessin (proche de l'Italie) seront ainsi les premiers en Suisse à voter l'interdiction de la burqa.

En Europe, la France est le premier pays à avoir instauré l'interdiction du port du voile intégral, suivie par la Belgique quelques mois après. Le 16 septembre, le gouvernement néerlandais, soutenu par le parti d'extrême-droite de Geert Wilders, a décidé à son tour d'en faire de même.

En Suisse, le vote des députés intervient à un peu plus de trois semaines des élections fédérales, qui ont lieu tous les quatre ans pour renouveller le parlement.

Selon les derniers sondages, les élections, prévues le 23 octobre prochain, devraient être remportées par l'UDC dont les affiches électorales invitent à «stopper l'immigration massive».