Des négociateurs internationaux sont réunis lundi à Saint-Sébastien, au Pays basque espagnol, pour tenter d'avancer vers une fin définitive de l'ETA, qui marquerait un tournant historique pour l'Espagne après plus de 40 ans de conflit.

Trois personnalités impliquées dans le processus de paix en Irlande du Nord, dont Gerry Adams, ainsi que l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, sont présents alors que le groupe armé, très affaibli, n'a pas commis d'attentat en Espagne depuis août 2009.

Cette conférence constitue «une étape très, très significative», a déclaré à la radio irlandaise RTE Gerry Adams, le président du parti nationaliste Sinn Fein, rappelant qu'un certain nombre de «faux espoirs» avaient jalonné le conflit basque.

Il a toutefois estimé que l'ETA comme le gouvernement espagnol devaient répondre «de manière significative» et choisir la voie du dialogue.

«Nous espérons et nous allons demander à tous ceux qui sont présents ici qu'ils exigent de l'ETA un abandon immédiat des armes», a déclaré à la presse Carlos Totorika, un représentant du Parti socialiste basque à son arrivée à la conférence.

Le Pays basque «est le dernier lieu d'Europe où un groupe terroriste prive les citoyens de liberté», a-t-il lancé.

Selon la presse espagnole, cette réunion, qui doit s'achever lundi soir sur une déclaration commune des participants, pourrait inciter l'ETA à annoncer dans les jours qui viennent une avancée décisive vers sa dissolution.

«Les médiateurs internationaux demanderont au groupe l'arrêt définitif des armes», écrit lundi le quotidien El Pais, ajoutant qu'ils pourraient également proposer au gouvernement de prendre «des mesures en faveur des prisonniers de l'ETA».

L'ETA avait décrété le 10 janvier une trêve jugée insuffisante par le gouvernement socialiste, qui réclame l'abandon définitif des armes et sa dissolution.

Ces derniers jours, les déclarations se sont multipliées pour réclamer la fin du groupe basque, à l'approche des élections législatives du 20 novembre qui devraient voir la victoire de la droite conservatrice du Parti populaire.

L'ETA de son côté a multiplié les gestes, comme l'annonce le 23 septembre par un collectif de 700 prisonniers qu'ils adhéraient à un accord réclamant l'abandon des armes.

Presque simultanément, l'organisation illégale Ekin, considérée comme la structure politique de l'ETA, annonçait sa dissolution.

Considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les États-Unis, l'ETA est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance des territoires français et espagnols du Pays basque, et de la Navarre.

L'ETA devrait profiter de la réunion de lundi pour «mettre un point final» à son existence, a affirmé dimanche le président du gouvernement régional, le socialiste Patxi Lopez.

Mais alors que toute négociation est interrompue entre le gouvernement et l'ETA depuis un attentat qui avait mis fin à une trêve de neuf mois, le 30 décembre 2006, Gerry Adams a souligné «la nécessité que toutes les parties choisissent le chemin du dialogue».

«De mon point de vue, il peut se passer au Pays basque la même chose que ce qui s'est passé dans notre pays. Bien sûr le gouvernement espagnol doit adopter une telle approche. C'est une voie à double sens, toute la question d'un processus de paix», a-t-il ajouté.

À ses côtés, l'ancien chef de cabinet de l'ex-premier ministre britannique Tony Blair, Jonathan Powell, très impliqué dans le processus de paix qui a mis fin à la lutte armée de l'IRA en 2005, ainsi que l'ancien Premier ministre irlandais Bertie Ahern participent à la conférence organisée par des mouvements nationalistes basques.

L'ancien ministre français de l'Intérieur, Pierre Joxe, et l'ex-premier ministre norvégien Gro Harlem Brundtland sont également présents.