Une étude sur les émeutes du mois d'août dernier fait mentir le premier ministre David Cameron, qui avait montré du doigt les bandes criminelles. Une jeunesse aliénée était dans l'oeil de l'ouragan.

Les éclats de verre jonchaient toujours le bitume des grandes villes anglaises lorsque David Cameron a rendu son verdict sur les émeutes: «Les gangs de rue sont au coeur de cette violence.»

Déterminé à éradiquer cette «criminalité pure et simple», le premier ministre a appelé en renfort, le 11 août, un «superflic» américain célèbre pour avoir maté les gangs de Los Angeles et New York, Bill Bratton.

En réalité, seulement 13% des malfaiteurs étaient affiliés au crime organisé, selon un rapport gouvernemental publié cette semaine. L'analyse du ministère de la Justice sur les 3200 suspects semble plutôt confirmer l'hypothèse d'un malaise social et générationnel. Le portrait est sans équivoque: ils sont jeunes, pauvres et décrocheurs.

Pas moins de 72% d'entre eux avaient 24 ans ou moins. Le quart n'avait pas encore l'âge de voter.

Chez les jeunes émeutiers, 42% ont droit à un repas d'école subventionné par le gouvernement, un indice de pauvreté qui ne ment pas en Angleterre. L'étude révèle que 64% des 10 à 17 ans proviennent des quartiers les plus défavorisés du pays.

L'école ne leur apporte pas de répit. Les deux tiers des délinquants juvéniles souffrent de difficultés d'apprentissage et 36% d'entre eux avaient été expulsés de l'école l'année précédente.

Enfin, la plupart n'en étaient pas à leur premier délit: 62% des jeunes émeutiers avaient déjà eu des ennuis avec la justice.

Programmes sociaux amputés

À la lumière de ce portrait accablant, des analystes accusent David Cameron d'avoir balayé sous le tapis les causes sociales des émeutes afin de ne pas porter le blâme.

Selon des résidants de Tottenham, épicentre des pillages, il ne fait aucun doute que les coupes dans les programmes sociaux du gouvernement conservateur sont à l'origine du problème. «C'était une bombe à retardement», a dit à La Presse Coral Maison, le 12 août dernier.

La travailleuse sociale et les autres résidants de Tottenham pourront s'exprimer devant un comité gouvernemental, qui n'a pas les pouvoirs d'une commission d'enquête, le 3 novembre prochain. Il est mené par Darra Singh, président des centres d'emploi Jobcentre Plus. Avocat de formation, il n'ignore sans doute pas que le taux de chômage des jeunes Anglais de 16 à 24 ans est si élevé, à 21,3%, qu'ils sont surnommés «la génération perdue».