Bien que le premier tour de l'élection présidentielle française n'aura lieu que dans plusieurs mois, les dernières pièces d'importance sont maintenant en place sur l'échiquier.

François Bayrou, qui avait créé l'événement lors du scrutin de 2007 en se hissant à la troisième position au premier tour, a confirmé à la fin de la semaine dernière qu'il serait candidat.

Le politicien se place sur le spectre politique entre le favori socialiste, François Hollande, et le président sortant, Nicolas Sarkozy, qui repousse pour des raisons stratégiques son entrée formelle dans la course.

En confirmant ses ambitions, le candidat centriste n'a épargné aucun des deux camps, critiquant à la fois l'incapacité du gouvernement à juguler la crise de la dette et les promesses irréfléchies du camp socialiste. «Il est impossible que l'on continue comme ça pendant cinq ans», a-t-il prévenu.

Les critiques de M. Bayrou, qui avait refusé en 2007 de se rallier entre les deux tours à Nicolas Sarkozy ou à la candidate socialiste Ségolène Royal, n'ont pas empêché les deux camps de commencer à le courtiser.

Hier, François Hollande a déclaré que l'ex-ministre pourrait être de la majorité présidentielle si sa formation, le Modem, appelait à voter socialiste entre les deux tours.

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a dit espérer pour sa part que François Bayrou, longtemps ministre dans un gouvernement de droite, ne se trompera pas d'adversaire.

Un autre élu centriste, Hervé Morin, a annoncé dimanche qu'il entendait être candidat à l'élection présidentielle. Mais l'ex-ministre de la Défense, qui ne recueille que 1% des voix dans les sondages, risque peu de peser sur le processus.

Une candidature de l'ex-premier ministre Dominique de Villepin paraît par ailleurs improbable en raison d'un rapprochement récent avec Nicolas Sarkozy, qui pourrait l'inclure dans un futur gouvernement en cas de victoire.

Le secrétaire général du parti de la majorité, Jean-François Copé, prévient que la droite ne doit pas se disperser en prévision du scrutin, de crainte de se voir évincer au premier tour par le Front national de Marine Le Pen.

«Mon sentiment est que les choses ont beaucoup changé [depuis 2007]. Il y a de bonnes chances que les trois pôles aujourd'hui, ce soient la gauche, la droite et l'extrême droite», a-t-il déclaré.

Tout en sonnant l'heure du ralliement, le gouvernement tire à boulets rouges sur le camp socialiste et l'entente signée récemment avec le parti Europe écologie-Les verts en vue du scrutin. La volonté affichée des deux formations de réduire la place de l'énergie nucléaire dans la consommation énergétique française a été durement critiquée la semaine dernière par le président, qui évoque «le retour des peurs moyenâgeuses».

Un récent sondage indique que 29% de la population entend voter pour Nicolas Sarkozy au premier tour, une hausse de 5 points, alors que le candidat socialiste, à 30%, serait en recul de 9 points. Plusieurs médias ont donné un large écho à l'étude, arguant que les deux principaux candidats se trouvent désormais au coude à coude.

Ces mêmes médias ont fait peu de cas du fait que les projections pour le second tour demeurent largement favorables à la gauche, François Hollande obtenant 58% des voix contre 42% pour le chef d'État sortant.