Le parti du populaire maire centre-gauche de Ljubljana, Zoran Jankovic, a créé la surprise en remportant, selon des résultats partiels, les élections législatives anticipées en Slovénie pour laquelle les conservateurs étaient pourtant donnés largement gagnants.

Le parti Slovénie Positive, créé il y a seulement deux mois spécialement pour ce scrutin, recueille 28,6% des suffrages, selon des résultats officiels basés sur le dépouillement de 95% des bulletins de vote.

Le Parti démocratique slovène (SDS, centre droit) de l'ancien Premier ministre Janez Jansa (de 2004 à 2008) obtient 26,2%, nettement en dessous des 30/31% que lui accordaient les sondages d'avant le scrutin. Le premier ministre social-démocrate Borut Pahor, dont le gouvernement avait été renversé en septembre, obtient 10,5% des voix, un effondrement par rapport à son score de 30,5% aux législatives de 2008.

La participation s'est élevée à 63,86%, soit un peu plus qu'en 2008 (63,1%).

«Les résultats montrent que les citoyens veulent un État différent, ils ont eu Jansa, Pahor, maintenant ils veulent un État démocratique, mais aussi efficace», a lancé Zoran Jankovic, 58 ans, depuis son quartier général à Ljubljana. Les citoyens ont voté «pour une nouvelle Slovénie, une Slovénie qui réussira sera solidaire et sociale», a-t-il ajouté. Plus tard, il s'est rendu dans le centre de la capitale pour remercier ses partisans: «Que cette nuit soit une nuit de joie, de sourires et peut-être aussi un peu de larmes», a-t-il lancé à la foule.

La défaite était amère pour le dirigeant de l'opposition, Janez Jansa, 53 ans. Des révélations sur une affaire immobilière le concernant et jugée suspecte pourrait avoir retourné la tendance: «ces résultats ne sont pas ceux que nous avions espéré», a-t-il reconnu.

Dans ce pays de la zone euro, la campagne électorale a été largement dominée par la détérioration de la situation économique et financière. Le vainqueur devra remettre le pays sur les rails en imposant l'austérité et aura besoin pour cela d'un gouvernement stable, comme l'avait appelé de ses voeux le président Danilo Turk (centre gauche) plus tôt dans la journée.

Or, les résultats sont serrés, ce qui va rendre difficile la création d'un gouvernement de coalition à même d'imposer des réformes douloureuses, notamment celle des retraites, responsable de la chute du gouvernement de Borut Pahor.

Pour constituer une majorité absolue dans un Parlement comptant 90 députés élus à la proportionnelle, Zoran Jankovic pourrait s'allier avec Borut Pahor, qui deviendrait alors ministre des Affaires étrangères, et aussi avec la Liste citoyenne (8,4% des voix) de Gregor Virant, un ancien ministre de Janez Jansa qui a rompu avec lui.

Trois autres formations seront représentées au Parlement: le parti des retraités DESUS (6,9%), le Parti populaire de centre droit (SLS, 6,8%) et le parti chrétien populaire Nouvelle Slovénie (NSi, 4,7%).

En revanche, trois partis en seront éliminés, car ils n'atteignent pas la barre des 4% nécessaire pour avoir un élu: il s'agit du Parti libéral-démocrate (LDS), du Parti libéral-social Zares, tous deux alliés des sociaux-démocrates dans le précédent gouvernement, et du Parti nationaliste (SNS).

Très dépendant des exportations, le pays -- autrefois élève modèle de la zone euro -- flirte aujourd'hui avec la récession, le chômage a doublé en trois ans et les taux d'intérêt obligataires ont récemment grimpé à plus de 7%, dans le sillage de la crise de la dette en zone euro, en particulier des difficultés de l'Italie voisine.

Le niveau de la dette, même s'il reste sous la limite des 60% du Produit intérieur brut (PIB) prescrite par le Traité de Maastricht, augmente rapidement.

La Slovénie, État de deux millions d'habitants issu de l'ex-Yougoslavie communiste, organisait les premières élections anticipées depuis son indépendance, en 1991.