Douze Canadiens se trouvaient à bord du paquebot italien Costa Concordia qui a fait naufrage, vendredi soir, au large des côtes de la Toscane. Trois personnes sont mortes et 42 autres ont été blessées. Une quarantaine de passagers manquent toujours à l'appel. Le capitaine du navire a été arrêté.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada a confirmé la présence de 12 Canadiens à bord. «Tous ces Canadiens répondent à l'appel et se portent bien», a fait savoir samedi soir, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Canada, Claude Rochon. Il invite les personnes qui ont des membres de leur famille ou des amis à bord à contacter le ministère au 1-800-387-3124.

Parti de Civitavecchia vendredi pour un voyage d'une semaine sur la mer Méditerranée, le Costa Concordia a heurté un rocher en soirée près de l'île du Giglio avant de commencer à sombrer, forçant ainsi des milliers de personnes à se jeter dans la mer. Deux touristes français et un membre d'équipage péruvien ont péri. Des 4229 passagers qui étaient à bord, plus de 3000 étaient des touristes. Bien que la plupart soit des Italiens, des Allemands et des Français, on dénombre également 177 Espagnols, 129 Américains et 12 Canadiens.

Un couple de Wingham, en Ontario, qui célébrait son 30e anniversaire sur le bateau, figure parmi les survivants. Alan et Laurie Willits regardaient un spectacle de magie présenté au théâtre du bateau lorsqu'ils ont senti le paquebot faire une embardée, puis un tremblement qui a fait basculer des poubelles. Ils ont été conduits à un bateau de sauvetage qui les a ramenés sur la terre ferme. «Nous leur avons parlé ce matin. Ils sont sains et saufs», a indiqué à La Presse, leur fille Jory. La jeune femme de 20 ans a ajouté que ses parents étaient épuisés et secoués par cette expérience et qu'ils reprenaient des forces dans un hôtel de Rome.

Les autorités ont suspendu les recherches de disparus à la tombée de la nuit. Quarante-et-une personnes manquaient encore à l'appel.

Le commandant arrêté

Le commandant du Costa Concordia, Francesco Schettino, et le premier officier, Ciro Ambrosio, ont été arrêtés. Ils sont accusés d'homicide multiple, naufrage et abandon du navire. «Le commandant du navire a dit à la télé italienne que l'écueil qu'il a frappé, la Falla, n'était pas indiqué sur les cartes, a expliqué à La Presse, Giorgio Fanculli, un journaliste habitant sur l'île du Giglio. Mais il l'est. La marine militaire nous l'a confirmé. Le commandant est donc sous enquête pour naufrage. Il y a eu forcément une erreur humaine.»

Toute la journée, des sauveteurs et des plongeurs ont inspecté les parties émergées et immergées du navire, qui est couché sur le flanc avec une énorme brèche, à la recherche d'éventuels survivants. Les «boîtes noires» du navire qui contiennent l'enregistrement des conversations ont été récupérées et saisies par la justice. Les autorités craignent que le navire, qui est échoué sur les rochers, ne glisse vers le large, où il pourrait couler à une profondeur de 100 mètres.

Le risque de pollution - il y a 2380 tonnes de gazole dans les réservoirs du navire - a été relativisé par un responsable du ministère de l'Environnement. « C'est un navire neuf, à double fond, tout est bien scellé», a-t-il fait valoir à un journaliste de l'AFP.

Les rescapés qui avaient trouvé refuge sur l'île du Giglio ont été rapatriés chez eux  ou logés dans les hôtels de la région. «En hiver, il n'y a que 800 personnes dans l'île, dont la moitié au port, a raconté le journaliste Giorgio Fanculli. Tout le monde a été mis à contribution pour héberger et nourrir tout le monde. On a rouvert des hôtels et des restaurants fermés pour la saison. Des familles ont hébergé parfois sept ou huit passagers. On a aussi ouvert les écoles et l'église du port. Les passagers étaient inquiets, surtout ceux qui avaient été séparés de leur époux ou de leurs enfants. Ce soir, à l'heure du souper, tous les passagers avaient été évacués de l'île.»

Selon un communiqué émis par Costa Crociere, le paquebot effectuait une croisière en Méditerranée au départ Civitavecchia avec des escales prévues à Savone, Marseille, Barcelone, Palma de Majorque, Cagliari et Palerme. Le Costa Concordia était considéré comme un «temple du divertissement» avec ses 58 suites avec balcons, cinq restaurants, 13 bars, cinq jacuzzis et quatre piscines.

Les passagers étaient en train de manger ou déjà au lit, au moment de l'accident. Au départ, le commandant s'est fait rassurant annonçant une panne électrique. «Nous avons entendu un grand bruit, les plats et couverts sont tombés par terre, les lumières se sont éteintes, mais le personnel nous disait de ne pas nous inquiéter», a témoigné Roberto Bombardieri, un coiffeur qui devait participer à un concours à bord.

Plusieurs passagers ont décrit des «scènes d'apocalypse» et de «panique» avec des bousculades entre passagers cherchant à monter sur les chaloupes. Une passagère journaliste, Mara Parmegiani, a dénoncé le manque de préparation de l'équipage. «Il y a eu des problèmes au moment où les chaloupes ont été descendues à la mer», a-t-elle déclaré en ajoutant que certains gilets de sauvetage «ne fonctionnaient pas».

Une enquête sur les causes de l'accident et sur la façon dont les passagers ont été secourus a été ouverte. Le directeur général de Costa Crociere (Croisières Costa), Gianni Onorato, a assuré que l'armateur coopérera «en toute transparence» avec les autorités italiennes.  Il a aussi indiqué qu'il «n'est pas correct de dire que le bateau était en dehors de sa route».

- Avec l'Agence France-Presse et la collaboration de Mathieu Perreault

«Scènes de panique dignes du Titanic»

Une passagère journaliste, Mara Parmegiani, a décrit des «scènes de panique dignes du Titanic», avec une bousculade parmi les évacués, des cris et des pleurs et dénoncé l'impréparation de l'équipage. Selon elle, «le personnel n'était pas du tout préparé, il y a eu des problèmes au moment où les chaloupes ont été descendues à la mer et le pilote de la (sienne) a dû être remplacé», affirmant aussi que certains gilets de sauvetage «ne fonctionnaient pas, de même que les lumières» d'urgence.

La capitainerie du port de Livourne, le plus important de Toscane, a ouvert une enquête sur les causes de l'accident et sur la façon dont les passagers ont été secourus. L'une des questions concerne notamment la présence du navire si près des côtes du Giglio. Le commandant dont le nom n'a pas été communiqué était interrogé par les autorités.

L'armateur Costa Crociera (Croisières Costa), qui possède le bateau, s'est dit «choqué» et a exprimé ses condoléances aux familles. Costa Crociera a indiqué qu'il n'est pas possible de déterminer dans l'immédiat la cause de l'accident, assurant que l'évacuation a été rapide même si difficile.

Le Concordia était considéré comme un véritable «temple du divertissement» avec ses 58 suites avec balcons, cinq restaurants, 13 bars, cinq jacuzzis et quatre piscines.

- Avec l'AFP