Le ministre britannique de l'Énergie, Chris Huhne, rattrapé par une affaire d'excès de vitesse, a dû démissionner vendredi, compliquant la tâche du premier ministre David Cameron obligé de retoucher pour la troisième fois une coalition gouvernementale à l'équilibre fragile.

Chris Huhne va comparaître devant un tribunal le 16 février avec son ex-épouse pour répondre d'«entrave à la justice». Il est soupçonné de lui avoir demandé de prendre à son compte des points de pénalité pour dépassement de la vitesse autorisée afin d'éviter de se voir retirer son permis.

Les faits remonteraient à 2003, mais n'ont été divulgués par sa femme qu'après son divorce. Le ministre s'était séparé l'an dernier de son épouse, Vicky Pryce, une économiste avec laquelle il a eu trois enfants, après avoir reconnu une relation extra-conjugale.

Quelque temps après, celle-ci avait raconté au Sunday Times que Chris Huhne avait demandé à «quelqu'un» de prendre à son compte les points de pénalité. Il était rapidement apparu que ce «quelqu'un» pouvait être elle.

«Nous avons conclu qu'il y avait des preuves suffisantes pour engager des poursuites contre M. Huhne et Mme Pryce pour entrave au cours de la justice», a déclaré vendredi le procureur dans une rare allocution télévisée.

Tout au long de l'enquête de police ces huit derniers mois, le ministre a toujours nié ces accusations.

Des protestations d'innocence réitérées quand il a annoncé son départ du gouvernement, dans une déclaration éclair à la presse devant son domicile, moins d'une heure après l'annonce des poursuites.

«Je suis innocent et je vais me défendre devant la justice», a promis Chris Huhne, qui continuera à exercer ses fonctions de député.

Le conservateur David Cameron a jugé que son ministre libéral-démocrate (centre) avait pris «la bonne décision».

Cette démission l'a toutefois obligé à retoucher pour la troisième fois en 21 mois la coalition gouvernementale qui réunit conservateurs et libéraux-démocrates dans un attelage fragile, régulièrement secoué par des tensions.

Il a nommé pour le remplacer un autre «libdem», Ed Davey, qui avait géré le dossier sensible de la privatisation partielle de la poste britannique.

Avant Chris Huhne, deux autres ministres avaient déjà dû quitter le navire, emportés par un scandale d'ordre privé.

Le conservateur Liam Fox, qui avait laissé un ami proche participer à ses activités officielles, a abandonné le portefeuille de la Défense en octobre.

Le «libdem» David Laws (Budget), mis en cause pour s'être fait indûment rembourser des frais de logement, était parti 17 jours seulement après avoir pris ses fonctions dans le tout nouveau gouvernement en 2010.

La démission de Chris Huhne est un très mauvais coup pour la formation centriste, qui perd ainsi un de ses poids-lourds, réputé pour sa bonne connaissance des dossiers et sa pugnacité face aux conservateurs.

Ancien journaliste, Chris Huhne, qui a lui-même brigué deux fois la direction du parti, avait participé aux négociations pour la formation d'une coalition.

Le chef de file des «libdem», le vice-premier ministre Nick Clegg, a espéré le voir «revenir au gouvernement à un poste clé» s'il était disculpé, saluant son travail «remarquable».

Les défenseurs de l'environnement ont aussi rendu un hommage remarqué à ce ministre «difficile à remplacer», selon Greenpeace.

«Il a défendu la cause de l'environnement dans une administration qui a montré peu d'enthousiasme quand il s'est agi de tenir la promesse faite par Cameron que ce gouvernement serait le plus vert» jamais formé, ont renchéri «Les Amis de la Terre».