L'intransigeance de l'Allemagne, qui fait pression depuis des mois sur Athènes pour obtenir l'imposition de sévères mesures d'austérité, passe très mal auprès de la population grecque.

Plusieurs résidants de la capitale se lancent spontanément dans des tirades germanophobes lorsqu'on leur demande de commenter l'attitude des autres pays européens relativement à la crise secouant leur État.

Georges Akrivos affirme avoir l'impression de revivre l'occupation du pays par l'armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale.

«Ils ont tout détruit ici pendant la guerre. Et ils sont en train de refaire la même chose maintenant», a indiqué hier le retraité de 82 ans, qui se souvient encore de l'arrivée des troupes nazies dans sa ville.

M. Akrivos, qui se reposait devant un monument commémorant la drachme lorsque La Presse l'a rencontré, pense que les autorités grecques devraient abandonner l'euro et réintroduire l'ancienne devise au plus vite pour se soustraire aux impératifs allemands. Stella Agrafiotou, une employée de la télévision publique qui va occasionnellement prêter main-forte aux personnes les plus affectées par la crise dans un centre communautaire, s'emporte aussi contre les exigences de Berlin.

«Nous devons suivre ce qu'ils demandent parce qu'ils sont trop forts, les Allemands, comme Hitler. Ils jouent avec nous», déplore la femme de 58 ans.

Ce sentiment antiallemand s'exprime aussi dans les manifestations, où il n'est désormais pas rare de voir des personnes brandissant des drapeaux nazis.

À l'automne, des Grecs indignés ont fabriqué une affiche montrant la chancelière allemande Angela Merkel en costume nazi. Elle portait au bras gauche un bandeau avec une croix gammée entourée par les étoiles du drapeau de l'Union européenne et était décrite, sommairement, comme une «nuisance publique».

L'analogie nazie est aussi évoquée par les caricaturistes dans certains médias. L'un d'eux a notamment représenté le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, en train de faire le salut nazi devant des officiels européens.

Georges Akrivos, qui vit modestement avec une pension de 600 euros par mois, se dit «tout à fait» à l'aise avec l'analogie nazie. Il pense que ses compatriotes et lui doivent renoncer à l'euro pour se soustraire à l'influence étrangère et pouvoir «faire ce qu'on veut».