Le futur président allemand Joachim Gauck, 72 ans, pasteur et ancien militant des droits de l'Homme en ex-RDA, jouit d'une autorité morale importante pour exercer une fonction ternie par les scandales qui ont poussé son prédécesseur à la démission.

Cet homme grand aux cheveux gris, souriant et qui parle généralement d'une voix douce, est originaire du nord-est de l'Allemagne, où a grandi la chancelière Angela Merkel, fille de pasteur.

Né en janvier 1940, à Rostock (nord-est), il choisit de devenir pasteur de l'Église luthérienne, et il est témoin d'arrestations arbitraires dans sa paroisse. Dans une RDA où les Églises jouissaient d'une relative tranquillité, il a utilisé sa position pour défendre les droits de l'Homme.

Lors des premières manifestations de 1989, qui devaient mener à la chute du Mur de Berlin en novembre, il devient le porte-parole du collectif d'opposants Nouveau Forum à Rostock.

Il est ensuite choisi le 3 octobre 2010 pour diriger le centre chargé de conserver et d'exploiter les archives de la Stasi, la police secrète de l'ex-RDA. Il occupa ce poste pendant 10 ans, devenant l'incarnation du travail allemand sur l'ex-dictature communiste.

Candidat malheureux à la présidentielle de 2010 - présenté par les sociaux-démocrates du SPD et les Verts -, il est toutefois appelé le «président des coeurs» par la presse, en raison de sa très grande popularité, après une courte défaite au troisième et dernier tour de scrutin face à Christian Wulff.

La démission de ce dernier vendredi, à la suite d'un scandale sur des cadeaux reçus d'amis fortunés et sur ses tentatives d'intimidation de la presse, l'a remis sur le devant de la scène.

Joachim Gauck sera officiellement élu par une assemblée fédérale composée des députés du Bundestag et de délégués du monde politique et de la société civile choisis par les parlements régionaux, qui doit se tenir d'ici le 18 mars.