Plus d'une centaine d'étudiants ont manifesté vendredi devant l'université Cambridge, au Royaume-Uni, où l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, avait été invité pour prononcer un discours.

Le politicien français de 62 ans, aussi connu sous le nom de DSK, a vu sa carrière basculer quand il a été accusé d'agression sexuelle. Vendredi, il participait au club de discussion de Cambridge, en dépit des demandes visant à annuler sa visite.

Les journalistes n'ont pas pu assister à son élocution, mais les étudiants qui ont participé à la conférence ont affirmé que M. Strauss-Kahn avait parlé du temps qu'il a passé au FMI et abordé les problèmes financiers de l'Europe. Quand il a été questionné à propos des accusations d'agression sexuelle auxquelles il a fait face, le politicien a répondu qu'il n'était pas coupable de rien.

«Mis à part cette question embarrassante, la conférence s'est bien déroulée. La plupart des personnes ont été respectueuses», a résumé Sara Velezmoro, une étudiante en économie.

À l'extérieur, les manifestants agitaient des affiches sur lesquelles étaient inscrits les mots «DSK n'est pas le bienvenu ici». Les protestataires ont dit estimer qu'un homme avec une attitude aussi regrettable envers les femmes ne devrait pouvoir bénéficier d'une plateforme comme celle que lui a donnée l'université de Cambridge, une institution vieille de 800 ans.

«Ça n'a rien a voir avec la liberté de parole, s'est défendue une étudiante de 21 ans, Francesca Williams. Ils invitent un homme qui déteste les femmes. Je ne crois pas que DSK devrait avoir le privilège de s'exprimer devant une audience en privé.»

Les agents de sécurité ont vérifié les cartes d'identité des étudiants présents avec attention, tandis que M. Strauss-Kahn a été escorté en voiture vers une entrée située sur le côté du bâtiment et ce, avant que les manifestants arrivent.

De légers accrochages ont eu lieu lorsque des étudiants ont tenté de traverser une barrière de métal installée à l'extérieur du bâtiment. Deux personnes ont été arrêtées en raison de voies de fait présumées à l'endroit de policiers et de comportements perturbateurs une fois la manifestation terminée, a indiqué la police.

Plus tôt vendredi, les policiers ont arrêté un homme et une femme, tous deux âgés de 21 ans, car ils étaient soupçonnés d'avoir vandalisé un bâtiment de l'université. Le site Web Cambridge News a publié des photos des murs de cet édifice, sur lesquels les mots «DSK, VA T'EN» et «LES FEMMES MÉRITENT MIEUX» avaient été inscrits.

M. Strauss-Kahn a démissionné de la direction du FMI en mai dernier après qu'il eut été la cible d'allégations d'agression sexuelle formulées par une femme de chambre new-yorkaise, Nafissatou Diallo. Les procureurs ont ensuite abandonné les accusations criminelles, mais Mme Diallo a intenté une poursuite au civil contre lui.

Dans une autre affaire, DSK a été questionné le mois dernier par la police de la ville de Lille, en France, à propos d'un présumé réseau de prostitution.

Au nom de sa cliente, l'avocat de Mme Diallo, Douglas Wigdor, s'est quant à lui adressé à une centaine d'étudiants de Cambridge et de journalistes au lors d'un événement également tenu à l'université vendredi. «Permettre à DSK de faire une allocution dans l'université prestigieuse de Cambridge équivaut à aider sa campagne de publicité», a lancé M. Widgor.

Dans un communiqué publié vendredi sur le site Web du club de discussion, il est indiqué que l'invitation a été envoyée bien avant le départ controversé de M. Strauss-Kahn de la tête du FMI. Son expérience dans la politique française ont fait de lui une personne «exceptionnellement bien qualifiée» pour discuter de la crise financière et de l'élection présidentielle française, peut-on y lire.

La majorité des étudiants qui ont assisté à la conférence étudient en économie ou en politique, et la plupart étaient d'accord avec le document publié sur Internet. Ils ont dit vouloir en apprendre davantage à propos des expériences de DSK à la direction du FMI et en politique, et non sur sa vie personnelle.

«C'est un forum pour la libre parole, a dit Milad Martin, qui étudie en politique. Ce n'est pas un jugement de valeur. Assister à sa conférence n'équivaut pas à endosser les agressions sexuelles.»