Le regard grave, une rose ou un drapeau français à la main, des milliers de personnes ont participé dimanche à des marches silencieuses à Paris et Toulouse en hommage aux victimes des tueries de Mohamed Merah, trois enfants et leur enseignant juifs, et trois militaires.

Sous le soleil de Paris, les manifestants ont défilé derrière une banderole où l'on pouvait lire «République unie contre le racisme, l'antisémitisme et le terrorisme». Ils étaient plus de 20.000, selon les organisateurs, 2.800, selon la police.

Certains avaient déployé un grand étendard bleu blanc rouge, d'autres portaient des petits drapeaux tricolores.

«Il faut dénoncer ces crimes, le racisme et la récupération qui peut être faite de cet événement et mettre l'accent sur le vivre ensemble», explique dans le cortège Patrick, un enseignant de 63 ans après ce drame qui a bouleversé la France.

Des personnalités étaient venues se mêler aux anonymes, la chanteuse britannique Jane Birkin, la réalisatrice Yamina Benguigui, ainsi que des élus de gauche et écologistes, pour rendre hommage aux victimes tuées par Mohamed Merah, 23 ans, un Français d'origine algérienne plongé dans l'islamisme radical qui a affirmé avoir agi pour Al-Qaïda.

Comme la classe politique et les représentants des différentes communautés religieuses l'ont fait cette semaine, les manifestants ont appelé au rassemblement et au refus de l'amalgame.

Le numéro 2 du Parti socialiste Harlem Désir a insisté sur le besoin de «marquer l'unité de la nation face au terrorisme et de se rassembler autour de valeurs républicaines». Il a mis «en garde contre toute exploitation de la terreur par l'extrême droite».

Il était important de réaffirmer la dangerosité d'une idéologie fondée sur la haine» et que le pays «montre une capacité de réaction», a dit Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

Pendant ce temps à Toulouse, six mille personnes ont participé à une marche multiconfessionnelle. Jonathan Sandler, professeur de religion, ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel 4 ans, ont été tués le 19 mars devant l'école toulousaine Ozar Hatorah ainsi que Myriam Monsonego, 7 ans, poursuivie jusque dans la cour de l'établissement. Les militaires Imad Ibn Ziaten, Mohamed Legouade et Abel Chennouf ont été abattus les 11 et 15 mars à Toulouse et Montauban.

En tête du cortège, les Éclaireurs israélites de France, chemise orange et foulard scout, avançaient, des bouquets de roses blanches dans les bras.

Derrière eux, main dans la main, des responsables politiques et religieux: le grand rabbin de France Gilles Bernheim, le président du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) Richard Prasquier et l'imam de Drancy (près de Paris) Hassen Chalghoumi.

«Nous marchons ensemble cet après-midi pour défendre des valeurs qui sont celles de la France que nous aimons: la solidarité, le respect du prochain, le souci de justice», a déclaré le grand rabbin de France.

«Nous sommes convaincus que la grande majorité des musulmans de France est parfaitement intégrée. Il importe que cette grande majorité se lève et dise haut et fort leur réprobation de l'islamisme», a-t-il poursuivi.

Suivait une foule compacte d'anonymes, la mine grave, le visage souvent en larmes. «Qu'on soit musulman, juif ou catholique, on est tous pareil», explique, très émue, Virginie Pradié.

Arrivés devant le groupe scolaire juif Ozar Hatorah, les responsables religieux ont déposé des bouquets de fleurs, sous une banderole où figuraient les portraits des quatre victimes.

En larmes, l'imam de Drancy a expliqué avoir «un enfant qui s'appelle Mohamed, une fille qui s'appelle Myriam», les prénoms de deux des victimes. «On ne peut accepter quelqu'un qui tue des gens innocents», a-t-il plus tard insisté, expliquant être venu pour «dénoncer, pour dire que l'islam ce n'est pas ça».