Le président russe a suggéré mardi à Mitt Romney de se servir de sa tête et de se rappeler dans quelle année il vit, après que le candidat à l'investiture républicaine aux États-Unis eut déclaré que la Russie était «l'ennemi géopolitique numéro 1» des Américains.

Mitt Romney a qualifié la Russie en ces termes en critiquant le président Barack Obama pour les remarques enregistrées à son insu alors qu'il discutait avec son homologue russe, Dimitri Medvedev, en marge d'un sommet sur la sécurité nucléaire à Séoul. M. Obama avait alors affirmé qu'il aurait plus de marge de manoeuvre pour négocier sur la défense antimissile après son éventuelle réélection en novembre.

Mardi à Séoul, le président russe a affirmé que la déclaration de Mitt Romney était inspirée des films hollywoodiens et semblait provenir directement de l'époque de la guerre froide.

M. Medvedev a averti les aspirants candidats à la présidence américaine, dont Mitt Romney, de «s'appuyer sur la raison» et d'«utiliser leur tête», estimant que cela «ne peut nuire à un candidat présidentiel».

«Nous sommes en 2012, pas au milieu des années 1970, et peu importe le parti auquel il appartient, il doit tenir compte des réalités existantes», a dit M. Medvedev au sujet de Mitt Romney.

Les projets de défense antimissile de l'OTAN ont longtemps été un irritant dans les relations entre les États-Unis et la Russie, qui rejette les assurances de Washington selon lesquelles le projet vise principalement à contrer la menace posée par l'Iran. La Russie craint que le projet ne menace ses propres moyens de dissuasion nucléaire.

Lors d'une réunion lundi en marge du sommet, M. Obama a eu avec M. Medvedev une conversation qui a été enregistrée par un microphone, apparemment sans que le président américain ne s'en rende compte.

«C'est ma dernière élection», a dit M. Obama à M. Medvedev. «Après mon élection, j'aurai plus de marge de manoeuvre.»

Le président russe a répondu en anglais qu'il transmettrait le message à Vladimir Poutine, qui redeviendra président de la Russie au mois de mai après avoir remporté l'élection présidentielle plus tôt ce mois-ci.

Dans une volonté de contenir sa gaffe, le président Obama a précisé mardi qu'il passerait le reste de l'année à travailler sur des questions techniques liées au bouclier antimissile, et qu'il n'était pas surprenant qu'un accord ne puisse être conclu rapidement dans ce dossier.

«Ce n'est une surprise pour personne qu'on ne puisse lancer (ce processus) quelques mois avant les élections aux États-Unis, et au moment où la Russie vient d'achever ses élections et où elle est en pleine transition présidentielle», a dit M. Obama devant les journalistes mardi.

Le président américain a aussi tenté d'utiliser l'humour pour apaiser la controverse.

Avant de s'asseoir à sa place au sommet, il a attiré l'attention de M. Medvedev et lui a dit «attends, attends». Puis M. Obama a recouvert son micro en plaisantant, avant d'éclater de rire et de serrer la main du président russe.

Et quand il a voulu offrir aux journalistes son explication de sa bévue, il a dit: «Premièrement, est-ce que les micros sont ouverts?».

Dimitri Medvedev a fait écho aux propos de Barack Obama mardi, en affirmant qu'il n'y avait «aucun secret» dans les propos du président américain.

«Il y a de bonnes et de mauvaises périodes pour résoudre les choses», a-t-il dit. «Et il est assez évident qu'une situation où les forces politiques sont stables est le meilleur moment pour cela.»