(Moscou) Plusieurs médias russes ont indiqué mardi avoir supprimé à la demande des autorités des articles relayant des enquêtes anticorruption de l’opposant Alexeï Navalny, notamment une investigation retentissante sur le « palais de Vladimir Poutine ».

Au moins neuf médias (Dojd, Meduza, Znak, Écho de Moscou, Svobodnye Novosti, The Village, Boumaga, YamalPro, The Moscow Times) ont annoncé avoir reçu des notifications du gendarme des télécoms, Roskomnadzor, leur demandant d’effacer des dizaines de contenus en langue russe.

Il s’agit de différents articles faisant l’écho d’enquêtes de l’équipe du militant anticorruption et opposant Alexeï Navalny, emprisonné depuis plus d’un an et considéré comme le principal opposant à Vladimir Poutine.

PHOTO ALEXANDER NEMENOV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Une femme regarde un reportage réalisé par l’opposant russe Alexei Navalny, à Moscou, le 21 janvier 2021. Publiée en janvier 2021 sur YouTube, quelques jours après l’arrestation de M. Navalny, l'enquête intitulée Le palais de Poutine a depuis récolté plus de 121 millions de vues. Le Kremlin a nié que la luxueuse propriété appartienne à Vladimir Poutine.

L’une des ces enquêtes, qui ciblent des hauts responsables du Kremlin, concerne notamment le « palais » supposé de Vladimir Poutine sur les bords de la mer Noire.

Publiée en janvier 2021 sur YouTube, quelques jours après l’arrestation de M. Navalny, cette investigation a depuis récolté plus de 121 millions de vues. Le Kremlin a nié que la demeure appartienne à M. Poutine.

Les médias Dojd, Meduza, Écho de Moscou, Moscow Times et l’agence de presse locale Svobodnye Novosti ont indiqué avoir supprimé les contenus indiqués par Roskomnadzor.

Meduza a précisé avoir cédé « sous la menace d’un blocage de son site en Russie ».  

Les médias Znak et YamalPro se sont dits eux aussi « contraints » de remplir ces exigences pour éviter un blocage.

« Roskomnadzor exige de changer la réalité, de nettoyer internet et d’annuler les faits », a dénoncé sur Twitter Léonid Volkov, un proche en exil de M. Navalny.

« Censure éhontée en Russie ! », a réagi l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF), également sur Twitter, condamnant une mesure contre la diffusion « d’enquêtes d’intérêt général ».

Contacté par l’AFP, Roskomnadzor a confirmé avoir envoyé des notifications à « un certain nombre » de médias après avoir reçu une demande en ce sens du Parquet russe.

Ce dernier, selon Roskomnadzor, a demandé la suppression des contenus, car ils sont liés à une organisation « extrémiste » interdite en Russie.

En juin 2021, les principales organisations de M. Navalny ont été désignées comme « extrémistes » par la justice, une décision qui a entraîné leur fermeture et des poursuites judiciaires contre nombre de leurs militants.

Le 25 janvier, M. Navalny a lui-même été placé sur la liste des « terroristes et extrémistes ».

En parallèle, les autorités russes n’ont cessé de renforcer leur pression sur l’internet, à coups d’amendes visant les géants du numérique n’ayant pas supprimé des contenus liés à M. Navalny, et en bloquant des sites d’opposition.