(Washington) Le risque d’une invasion de l’Ukraine par la Russie est « très élevé » et peut se concrétiser « dans les prochains jours » a dit le président américain Joe Biden jeudi, augmentant encore le niveau d’alerte à un moment d’extrême tension.

Interrogé pour savoir s’il prévoyait une attaque russe, il a répondu : « oui. Mon sentiment est que cela va arriver dans les prochains jours ».

Jusqu’ici, le président américain avait mis en garde à plusieurs reprises contre le risque d’une invasion, mais estimait que Vladimir Poutine n’avait pas encore pris sa décision.  

PHOTO LEAH MILLIS, REUTERS

« Toutes les indications que nous avons, c’est qu’ils sont prêts à entrer en Ukraine, à attaquer l’Ukraine », a déclaré le président Joe Biden aux journalistes, avant de monter à bord de l’hélicoptère présidentiel, avant un déplacement vers l’État de l'Ohio.

Avant de quitter la Maison-Blanche pour un déplacement de quelques heures dans l’Ohio (nord), il a indiqué aux journalistes qu’il n’avait « pas prévu » d’appeler son homologue russe Vladimir Poutine.

« Toutes les indications que nous avons, c’est qu’ils sont prêts à entrer en Ukraine, à attaquer l’Ukraine », a ajouté Joe Biden.

Interrogé sur la possibilité d’une solution diplomatique à cette situation toujours plus tendue, le président américain a toutefois dit : « oui, il y en a une. »

Aucun retrait russe

Washington a très nettement haussé le ton depuis quelques heures et assure que la Russie, loin d’avoir retiré des troupes de la frontière ukrainienne comme elle l’a promis, a au contraire continué à renforcer son dispositif.

PHOTO MINISTÈRE DE LA DÉFENSE RUSSE, VIA ASSOCIATED PRESS

Moscou a diffusé récemment des images de tanks étant chargés sur des wagons. affirmant que certaines unités allaient retourner à leurs casernes. Washington dit que la Russie a plutôt augmenté le nombre de soldats massés à la frontière de l’Ukraine.

Les Américains mettent aussi en garde contre le montage par Moscou d’opérations prétexte, qui pourraient être utilisées comme justification d’une invasion.

Blinken à l’ONU

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exhorté jeudi à l’ONU la Russie à « abandonner la voie de la guerre », en décrivant le scénario d’une attaque contre l’Ukraine que Washington juge imminente.

Lisez notre article sur les déclarations d'Anthony Blinken à l'ONU sur le plan d'invasion russe

La Russie pour sa part a une nouvelle fois nié jeudi avoir le projet d’envahir l’Ukraine, mais elle a dans le même temps estimé qu’elle serait « forcée de réagir », y compris de manière militaire, si les États-Unis rejetaient ses exigences sécuritaires et diplomatiques.

Or la plupart de ces exigences ont déjà été jugées inacceptables par Washington.

L’Ukraine ne veut pas d’alliés sur son sol

Devant la montée de la tension, le président ukrainien a indiqué que son pays n’a « pas besoin » de soldats étrangers alliés sur son territoire pour faire face à la Russie a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Nous n’avons pas besoin de militaires avec un drapeau étranger sur notre territoire. Nous ne demandons pas cela, sinon le monde entier serait déstabilisé », a-t-il affirmé dans une interview au site RBK-Ukraïna.

Nous ne voulons pas donner une raison supplémentaire à la Russie de dire qu’on a ici des bases (étrangères) contre lesquelles ils (les Russes) devraient se “défendre”.

Lle président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Mais nous voulons tout le reste », a-t-il ajouté, une référence à l’aide militaire et financière reçue par l’Ukraine de la part de ses alliés occidentaux.

L’ONU appelle « à la retenue »

Pendant ce temps, au siège de l’ONU à New York, la secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a appelé jeudi les parties prenantes à la crise autour de l’Ukraine « à faire preuve d’un maximum de retenue en cette période sensible », à l’ouverture d’une réunion du Conseil de sécurité.

« Nous appelons également toutes les parties concernées à s’abstenir de toute mesure unilatérale qui pourrait aller à l’encontre de la lettre et de l’esprit des accords de Minsk, ou compromettre leur mise en œuvre et entraîner de nouvelles tensions », a-t-elle ajouté, en appelant à recourir à la diplomatie pour régler les différends.

La réunion du Conseil sur les accords de Minsk, censés pacifier l’est séparatiste de l’Ukraine, prévue de longue date, a pris un tour dramatique alors que l’escalade n’est pas retombée. Des ministres américains, britannique et russe participent à la session.

« Il n’y a pas d’alternative à la diplomatie », a martelé Rosemary DiCarlo, en relevant que « la situation actuelle était extrêmement dangereuse ».

« La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues doivent être respectées conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale » des Nations Unies, a souligné la responsable de l’ONU.

Mikko Kinnunen, haut responsable de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a aussi appelé « à la prudence » lors d’une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité.