(Nicosie) Chypre a signé lundi un accord avec l’Union européenne (UE) concernant l’accueil et la prise en charge des migrants arrivant sur l’île méditerranéenne, confrontée à un afflux massif de demandeurs d’asile.
Le ministre chypriote de l’Intérieur Nicos Nouris et la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson ont signé — virtuellement — une entente de principe qui permettra à Chypre d’améliorer ses capacités d’accueil.
Expulsions facilitées
L’entente permettra aussi d’expulser plus facilement les personnes dont les demandes d’asile ont été rejetées.
« Aujourd’hui marque un tournant pour la République de Chypre et les efforts fournis par notre gouvernement afin de gérer un problème qui accable notre pays », a déclaré M. Nouris pendant la cérémonie de signature à Nicosie.
Mme Johansson a affirmé pour sa part sur Twitter que l’accord aidera Chypre à mettre en œuvre « les procédures d’asile en temps et en heure » afin de réduire l’attente très longue à laquelle sont confrontés les demandeurs d’asile.
L’accord permettra aussi « l’intégration efficace (des migrants) et d’améliorer l’efficacité du retour » dans le pays d’origine des personnes déboutées, a-t-elle ajouté.
Chypre a enregistré 792 demandes pour 100 000 habitants en 2020 selon les statistiques de la Commission européenne, soit le plus haut taux de l’UE. Nicosie affirme que 4,6 % de sa population est constituée de demandeurs d’asile ou de personnes l’ayant obtenue.
La Turquie accusée
« Nous tournons la page ensemble », a salué le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, en visite sur l’île, évoquant « un problème qui était devenu très lourd, créant un fardeau disproportionné en termes de gestion pour Chypre ».
Dans un entretien à l’AFP mi-février, M. Nouris avait imputé le « problème » migratoire à la Turquie. « La question migratoire à Chypre est un énorme problème parce qu’elle a été instrumentalisée par la Turquie », avait-il asséné.
« L’instrumentalisation de l’immigration doit à nouveau arrêter d’être exercée aux dépens de Chypre », a-t-il réaffirmé lundi. « Chypre a besoin d’une solidarité européenne pragmatique. »
Selon Frontex, l’agence européenne chargée de sécuriser les frontières extérieures de l’UE, le nombre de migrants et demandeurs d’asile arrivés à Chypre a augmenté en janvier de 48 % sur un an.
Les ressortissants viennent en premier lieu de la République démocratique du Congo, de Syrie et du Nigeria.