(Rennes) Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki plaide, dans un entretien au quotidien régional français Ouest-France, pour un doublement des dépenses de défense en Europe, disant craindre une attaque russe en Pologne, en Finlande ou dans les pays baltes.

« Il faut prévoir que Poutine voudra développer sa politique agressive, son invasion. Il a commencé en Géorgie, maintenant l’Ukraine, le prochain objectif pourrait être les pays baltes, la Pologne, la Finlande ou d’autres pays du flanc est », a déclaré M. Morawiecki, dans cet entretien également publié par le groupe allemand de presse régionale Funke Meediengruppe.

« Nous avons besoin d’une armée européenne forte », insiste le premier ministre polonais qui estime qu’il « faut doubler les dépenses pour la défense en Europe ». « Nous sommes actuellement à environ 300 milliards d’euros (429 milliards de dollars CAN), il faudrait passer à 500 – 600 milliards d’euros (716 — 859 milliards CAN). Ce n’est pas impossible et cela permettra à l’Europe de jouer enfin un rôle majeur », ajoute-t-il.  

« L’ère de la paix et de l’ordre international arrivent à sa fin », insiste-t-il. « Nous devons en être conscients. Il s’agit d’un test pour l’Occident et la façon dont nous réagissons à ce test déterminera notre avenir, pas pour des années, mais pour des décennies ».

Le chef du gouvernement polonais propose également d’exclure les dépenses de Défense du pacte de stabilité européen pour permettre à son pays de dépenser 3 à 4 % de son PIB pour la défense afin de se défendre « face à l’agression russe contre l’Union européenne ».

Mateusz Morawiecki demande également « un ensemble de sanctions sans précédent et écrasantes » suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et « des discussions pour rendre l’Europe indépendante de l’achat d’hydrocarbures » russes. « En achetant du pétrole et du gaz russes, nous finançons aujourd’hui la politique d’agression de la Russie », pointe-t-il.

Alors que Varsovie est dans le collimateur de la Commission européenne concernant l’indépendance des juges et le non-respect des décisions de la justice européenne, le premier ministre polonais dit attendre « de la Commission européenne de ne pas nous embêter avec la soi-disant procédure de l’État de droit […] parce que nous sommes actuellement en train de défendre le flanc est ».

« Je trouve que nous sommes traités de manière discriminatoire, et cela, particulièrement en temps de guerre. Nous ne devrions pas être traités comme cela », ajoute-t-il.

La Pologne, membre de l’OTAN, partage avec l’Ukraine une frontière de 535 kilomètres.