(Paris) Sept mois après le début du procès historique des attentats du 13 novembre 2015, des images et le son de l’attaque du Bataclan ont été diffusés devant la cour d’assises spéciale de Paris, en présence d’environ 250 victimes et proches.

La grande salle d’audience est entièrement remplie. Sur les bancs des parties civiles, nombreux s’étaient serrés dans les bras les uns des autres avant de s’assoir. Beaucoup n’étaient pas venus depuis l’automne dernier, quand ils s’étaient succédé à la barre pendant cinq semaines pour raconter l’horreur de cette nuit où 130 personnes ont été tuées à Paris et Saint-Denis.

La cour a commencé par diffuser trois courts extraits d’un enregistrement audio de deux heures trente, capté par un dictaphone resté allumé pendant l’attaque au Bataclan.

La salle retient son souffle quand résonne dans la salle le groupe Eagles of Death Metal, vite interrompu par des tirs de kalachnikovs. Les tirs s’arrêtent un moment, seuls restent les cris de peur et hurlements de douleur. Puis les tirs reprennent dans une cadence accélérée, parfois au coup par coup.

Dans le deuxième extrait, on entend un otage terrifié hurler aux forces de l’ordre : « ils ont des engins explosifs, ne venez surtout pas sinon ils feront tout péter ».  

Le président diffuse enfin la bande son de l’assaut final. Un brouhaha confus, des détonations, des cris apeurés — « on est des otages » — puis les ordres des forces de l’ordre : « on court, on court, on court, », « on lève les mains », « continuez, continuez ».

Un bref extrait audio de l’attaque djihadiste avait déjà été diffusé, mais aucune image du massacre de 90 personnes.

Pour la diffusion de la trentaine de photos, le président fait baisser la lumière. Plusieurs parties civiles quittent la salle.

À l’écran, se succèdent les sols parsemés de bris de verre de l’entrée du Bataclan, les sacs à main abandonnés, les larges traînées de sang puis « les corps, les corps, les corps », comme l’avait décrit un policier au début du procès en septembre.  

La cour avait finalement accepté jeudi une demande répétée de l’association de victimes Life for Paris, qui souhaitait que ces images soient montrées à l’audience.

« Un procès d’assises, c’est d’abord montrer la scène du crime. Il n’existe pas un procès d’assises dans lequel on ne montre pas, même si c’est totalement douloureux, affreux, morbide », a soutenu à l’audience Me Jean-Marc Delas, avocat de l’association.