Les chefs d’état-major américain et russe se sont parlé jeudi au téléphone, pour la première fois depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février.

À savoir aujourd’hui :

  • Pour la première fois, les chefs d’état-major américain et russe se sont parlé jeudi au téléphone.
  • Le Congrès américain a débloqué jeudi 40 milliards de dollars pour l’Ukraine.
  • La reddition de soldats ukrainiens qui défendaient le site d’Azovstal à Marioupol, dans le sud-est du pays, s’est poursuivie jeudi.

Le général Mark Milley et le général Valeri Guerassimov « ont discuté de plusieurs sujets de préoccupation en matière de sécurité », a dit le porte-parole de l’état-major américain, le colonel Dave Butler.

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Mark Milley, chef d’état-major des armées des États-Unis, le 3 mai dernier

D’un commun accord, il a été décidé qu’aucun détail de leur conversation ne serait divulgué.

Le Congrès américain a par ailleurs débloqué jeudi 40 milliards de dollars pour l’Ukraine.

« Nous continuons de penser que ce conflit va durer », a indiqué jeudi à la presse un haut responsable du département de la Défense des États-Unis, cité par l’Agence France-Presse.

« Quand il s’agit de [Vladimir] Poutine, on choisit soit de payer maintenant, soit de le payer plus tard », a argué le sénateur républicain Lindsey Graham.

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De gauche à droite : Janet Yellen, secrétaire du Trésor des États-Unis, Chrystia Freeland, ministre des Finances du Canada, Christian Lindner, ministre des Finances d’Allemagne, et Rishi Sunak, chancelier de l’Échiquier du Royaume-Uni, en Allemagne, jeudi

Réunis en Allemagne, les ministres des Finances du G7 ont commencé jeudi à faire le compte de toutes les sommes que chaque pays peut débourser rapidement pour soutenir l’économie de l’Ukraine et son effort militaire.

Le siège de Marioupol tire à sa fin

Selon le ministère russe de la Défense, 1730 combattants retranchés dans l’aciérie de Marioupol – symbole entre tous de la résistance ukrainienne – se seraient rendus depuis lundi. Des commandants de haut rang sont toujours sur place.

Moscou a diffusé des images montrant des cohortes d’hommes en tenue de combat, certains avec des béquilles ou des bandages, rendant les armes.

La Croix-Rouge s’est efforcée de les enregistrer comme prisonniers de guerre et Amnistie internationale a écrit sur Twitter qu’en tant que tels, les Ukrainiens ne devraient « être soumis à aucune forme de torture ou de mauvais traitements ».

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Des membres des forces armées ukrainiennes qui ont évacué l’aciérie d’Azovstal ont été escortés par les forces prorusses jusque dans la colonie d’Olenivka, dans la région de Donetsk.

Au moins certains ont été emmenés par les Russes vers une ancienne colonie pénitentiaire située sur un territoire contrôlé par des séparatistes soutenus par Moscou, et un responsable séparatiste a déclaré que ceux qui avaient besoin d’une assistance médicale étaient hospitalisés.

Sur le terrain et au tribunal

Sur le terrain, le gouverneur régional a annoncé au moins 12 morts dans des bombardements russes sur la ville de Severodonetsk, dans l’est de l’Ukraine.

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Le sergent Vadim Chichimarine dans le box des accusés au deuxième jour de son procès pour crime de guerre, jeudi, à Kyiv

Pendant ce temps, à Kyiv, au deuxième jour du premier procès pour crime de guerre organisé en Ukraine, le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, s’est retrouvé face à face avec la veuve d’Oleksandr Chelipov, un civil de 62 ans qu’il reconnaît avoir abattu le 28 février dans le nord-est de l’Ukraine.

« Avez-vous des remords pour le crime que vous avez commis ? », lui a demandé Katerina Chelipova d’une voix claire.

« Je sais que vous ne pourrez pas me pardonner, mais je vous demande quand même pardon », a-t-il répondu.

« Mais pourquoi êtes-vous venu ici ? Pour nous libérer de quoi ? Qu’est-ce que mon mari vous avait fait ? », a réagi la petite femme aux cheveux courts.

Le jeune homme, qui encourt la réclusion à perpétuité, a dit avoir répondu aux « ordres » qu’il avait reçus.

Une guerre sans issue encore prévisible

En gros, résume Maria Popova, professeure de science politique à l’Université McGill, chaque camp peut prétendre avoir fait des gains, mais aucune victoire définitive ne pointe à l’horizon. « Les Ukrainiens ont eu un certain succès dans le nord du pays pour repousser les troupes russes, tandis que dans le sud et dans l’est, l’impasse demeure. »

Malgré la rhétorique menaçante de Vladimir Poutine, Mme Popova fait observer que sur le terrain, les Russes ont à tout le moins des réactions tactiques normales « et qu’ils sont capables d’accepter de se retirer » quand c’est à l’évidence ce qu’exige la logique militaire.

Dans le quotidien britannique The Guardian, Keir Giles, auteur et expert des questions de sécurité touchant la Russie, a fait observer dans une lettre d’opinion que les succès militaires ukrainiens observés ces derniers temps « s’expliquent tout autant par le manque de compétence militaire russe que par les prouesses ukrainiennes ».

Si personne ne sait quand et comment cette guerre se terminera, il est déjà beaucoup question du financement de la reconstruction de l’Ukraine, note-t-il. « Mais une question est encore plus pressante : comment le rôle vital de l’Ukraine dans la sécurité alimentaire mondiale peut-il être préservé ? »

Avec l’Agence France-Presse

En savoir plus
  • 6 milliards
    Part des 40 milliards de dollars d’aide américaine annoncés jeudi visant à aider l’Ukraine à s’équiper en blindés et à renforcer sa défense antiaérienne
    Source : Agence France-Presse