(Moscou) Un procureur russe a requis jeudi sept ans de prison contre un élu municipal de Moscou, Alexeï Gorinov, qui avait critiqué l’offensive contre l’Ukraine, dans un contexte de répression de toute voix d’opposition en Russie.

Âgé de 60 ans, M. Gorinov est le premier élu d’opposition à risquer la prison ferme pour avoir critiqué l’intervention en Ukraine.

Le procureur l’a accusé jeudi d’avoir « disséminé de fausses informations sur les forces armées » et « induit en erreur un grand nombre de personnes », selon une correspondante de l’AFP présente à l’audience.

« Je vous demande de reconnaître la culpabilité de Gorinov et de le condamner à un emprisonnement dans une colonie pénitentiaire pour une durée de sept ans », a-t-il ajouté, accusant l’élu d’opposition d’avoir été motivé par « la haine politique ».

Lors de l’audience jeudi, M. Gorinov a déclaré qu’il était « contre toutes les guerres », citant en exemple celles menées en Afghanistan, en Tchétchénie et en Irak.  

« Mon père est revenu invalide de la Seconde Guerre mondiale. Et son frère, avec une jambe en moins », a-t-il ajouté.

M. Gorinov a été arrêté le 26 avril à Moscou. Son procès a débuté le 1er juin.

Il est poursuivi pour « diffusion d’informations mensongères » sur l’armée russe, une infraction introduite début mars afin de faire taire les critiques de l’offensive en Ukraine.

M. Gorinov est accusé d’avoir agi « en groupe » et en usant de sa « position officielle » avec une autre députée municipale, Elena Kotenotchkina, qui a fui la Russie.

Juriste de formation, M. Gorinov avait dénoncé le 15 mars l’« agression » de Moscou contre l’Ukraine, pendant une réunion de travail filmée.

Lors de cette prise de parole, diffusée sur YouTube, il avait remis en cause, vu le contexte, l’organisation dans sa circonscription d’évènements de divertissement, notamment d’un concours de dessins pour enfants.

 « Des enfants deviennent des orphelins et les petits-enfants et arrière-petits-enfants des participants à la Seconde Guerre mondiale sont jetés dans l’enfer des combats en Ukraine », avait-il déclaré, évoquant la mort « chaque jour » d’enfants ukrainiens.

 « Tous les efforts de la société civile doivent servir à mettre fin à la guerre et à entraîner le retrait des forces russes du territoire ukrainien », avait-il poursuivi.

Depuis son lancement le 24 février, des dizaines de personnes ayant critiqué publiquement l’offensive contre l’Ukraine ont été poursuivies en Russie. La plupart ont été condamnées à des amendes, mais d’autres risquent de lourdes peines de prison.