(Prague) Forêts rasées, terres agricoles minées et polluées, rivières contaminées : Kyiv a sonné l’alarme mercredi devant les ministres européens de l’Environnement qui ont promis chacun pour leur pays d’aider l’Ukraine à lutter contre ces dégâts dus à l’offensive russe.

Le ministre ukrainien de l’Environnement, Ruslan Strilets, a notamment fait état de 3 millions d’hectares de forêts endommagés, de 40 dépôts pétroliers détruits au prix d’une intense pollution atmosphérique et d’au moins 260 cas d’« écocides », qui correspondent en droit ukrainien à des attaques touchant d’importantes surfaces naturelles.

Même l’accès à l’eau potable est menacé : « Les Russes détruisent des stations d’épuration », les cours d’eau sont pollués à la suite des bombardements, et la relocalisation d’habitants dans l’ouest du pays « met sous pression les infrastructures existantes », a-t-il expliqué.

Réunis à Prague, les ministres des Vingt-Sept ont multiplié les offres de soutien.

« Plusieurs États peuvent aider pour analyser et répertorier les dommages. D’autres ont parlé d’aide financière », a souligné la ministre tchèque de l’Environnement Anna Hubackova, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.

Prague offre ses services pour des opérations de décontamination des sols et de déminage : « Nous avons eu l’armée russe sur notre sol et dû nettoyer des terrains minés, nous avons l’expérience », a-t-elle rappelé.

L’Autriche indique avoir apporté son expertise pour un laboratoire analysant l’eau potable et les nappes phréatiques, et la Pologne propose « des équipements et du personnel pour des mesures de terrain ».

Ruslan Strilets a assuré que l’Allemagne avait promis « 20 millions d’euros » à son pays pour financer des projets de restauration de zones naturelles.

« Il était très utile d’être présent, de voir qui proposait quoi, les offres concrètes, cela m’aidera à préparer un nouveau programme » environnemental, a-t-il expliqué.

Face à des propositions disparates, « recoupant parfois les mêmes domaines », il a cependant suggéré une meilleure coordination : « Une plateforme recensant tous les moyens européens serait une bonne idée », a-t-il estimé.

« Nombre de propositions peuvent être coordonnées. Si c’est approprié, cela sera fait au niveau européen », a assuré Anna Hubackova, soulignant que les Européens s’aideront eux-mêmes en soutenant l’Ukraine.

« Lorsque des sites industriels ou bâtiments contaminés par l’amiante sont attaqués, des substances toxiques se répandent dans l’environnement, cela prendra des décennies à traiter et les dégâts ne s’arrêtent pas aux frontières », a fait valoir la ministre autrichienne Leonore Gewessler.

Aidée par son nouveau statut de pays candidat, l’Ukraine a également rejoint début juillet le programme LIFE, instrument de l’UE pour cofinancer de nouvelles techniques de sauvegarde de l’environnement, doté d’un financement de 5,4 milliards d’euros et auquel elle pourra recourir.