(Francfort) Les livraisons de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream ont, comme annoncé, baissé mercredi à près de 20 % des capacités du gazoduc, selon les données de l’opérateur allemand Gascade, renforçant les risques de pénurie cet hiver dans plusieurs pays européens.

L’arrivée de gaz en Allemagne depuis la Russie atteignait depuis 9 h (3 h HAE) mercredi quelque 14,4 gigawattheures (GWh), contre près de 29 GWh en moyenne ces derniers jours.  

L’énergéticien russe Gazprom avait annoncé lundi cette nouvelle baisse drastique des livraisons, qui intervient dans le contexte de bras de fer énergétique entre Moscou et les Occidentaux depuis le début de l’offensive russe en Ukraine.

« Nord Stream 1 transporte […] 1,28 million de mètres cubes par heure, soit à peu près 20 % de la capacité maximale du gazoduc », a indiqué l’opérateur Gascade, qui gère le réseau sur le territoire allemand.

Le groupe italien Eni a en parallèle annoncé avoir été informé par Gazprom que les livraisons de gaz seraient limitées à 27 millions de mètres cubes mercredi, contre 34 millions « ces derniers jours ».

Avant la guerre en Ukraine, Nord Stream transportait quelque 73 GWh par heure, approvisionnant l’Allemagne – particulièrement dépendante du gaz russe –, mais aussi d’autres pays européens via la liaison passant sous la mer Baltique.

Mi-juin, le volume avait été réduit à 40 % de la normale, avant un arrêt complet pendant 10 jours pour une maintenance annuelle entre le 11 et le 21 juillet. Les flux ont depuis repris.

Lundi, le géant russe Gazprom a finalement annoncé qu’il allait encore diviser par deux ses livraisons quotidiennes via Nord Stream, invoquant une opération de maintenance sur une turbine.

Un porte-parole du Kremlin a répété mercredi la position russe, qui explique la nouvelle coupe des livraisons par les sanctions occidentales prises contre la Russie qui, selon Moscou, compliquent les travaux.

« Le processus de maintenance des appareils techniques est rendu extrêmement difficile par les sanctions adoptées par l’Europe », selon le porte-parole Dmitri Peskov, qui assure que « Gazprom livre autant que nécessaire et autant que possible ».

Mais les Européens réfutent le motif technique et accusent Moscou d’utiliser le gaz comme arme économique et politique.

Il s’agit d’un « jeu de pouvoir » et d’une réduction « qui n’a pas de cause technique », a de nouveau dénoncé une porte-parole du gouvernement allemand mercredi, lors d’une conférence de presse.

Le conflit tire vers le haut le prix du gaz européen, qui a atteint mardi un nouveau plus haut niveau depuis le record de mars.

Pour tenter de prévenir les risques de pénuries cet hiver, les 27 membres de l’UE se sont accordés mardi sur un plan prévoyant que chaque pays fasse « tout son possible » pour réduire, d’ici à mars 2023, sa consommation de gaz d’au moins 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.

La Russie représentait jusqu’à l’an dernier quelque 40 % des importations gazières de l’UE.

L’Ukraine a annoncé s’apprêter à augmenter ses exportations d’électricité vers l’Union européenne pour aider l’Europe à « résister à la pression énergétique » de Moscou, a déclaré mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Nous allons augmenter nos exportations d’électricité aux consommateurs de l’Union européenne », a déclaré M. Zelensky dans son adresse vidéo quotidienne.

Ces déclarations interviennent le lendemain d’un accord des pays membres de l’Union européenne pour réduire leur consommation de gaz de façon coordonnée et aider ainsi l’Allemagne après une baisse drastique des livraisons russes.

Kyiv et les Européens accusent Moscou d’utiliser le gaz comme arme économique et politique.

« Malgré la guerre, nous avons assuré l’intégration en un temps record des réseaux ukrainiens au système européen », a souligné le président ukrainien.

« Nos exportations nous permettent non seulement d’augmenter nos revenus en devises, mais aussi aider nos partenaires à résister à la pression énergétique russe. Nous allons progressivement faire de l’Ukraine un pays garant de la sécurité énergétique de l’Europe », a-t-il poursuivi.