(Londres) L’intrus armé d’une arbalète arrêté le jour de Noël dans le territoire du château de Windsor, à l’ouest de Londres, où se trouvait Élisabeth II, a été inculpé pour menace à la souveraine britannique, des poursuites rarissimes.

Jaswant Singh Chail, 20 ans, est poursuivi en vertu de l’article 2 du « Treason Act » de 1842 qui punit les tentatives de « blesser ou nuire à Sa Majesté » et prévoit soit la prison soit un bannissement de sept ans, a indiqué la Metropolitan Police mardi dans un communiqué.

Il est également inculpé de menace de mort et de possession illégale d’arme.

Actuellement détenu, il comparaîtra le 17 août à la Westminster Magistrates’ Court de Londres.

Le jeune homme, vivant à Southampton (sud de l’Angleterre), avait été interpellé le 25 décembre, vers 8 h 30 locales, quelques instants après avoir pénétré sur les terres du château, devenu ces dernières années la résidence principale d’Élisabeth II.

La monarque de 96 ans (95 à l’époque) y passait Noël, son premier depuis la mort de son époux Philip, après avoir renoncé à se rendre comme d’habitude pour les fêtes dans sa résidence de Sandringham, dans l’est de l’Angleterre, en raison d’une résurgence de la COVID-19.

Elle avait été rejointe ce jour-là par plusieurs membres de la famille, comme ses fils Charles et Edward et les épouses de ces derniers.

La police avait souligné à l’occasion de l’arrestation que les procédures de sécurité avaient été « déclenchées quelques instants après l’entrée de l’homme sur le site » et qu’il n’était « entré dans aucun bâtiment ». L’homme avait alors été interné en soins psychiatriques et la police n’a pas donné de précisions mardi sur son état psychologique.

Intrusions

Le tabloïd The Sun avait publié des images d’une vidéo présentée comme publiée sur le compte Snapchat du suspect quelques minutes avant sa tentative d’intrusion.

En pull à capuche noir et en masque blanc, il manipule l’arbalète et dit : « Je suis désolé pour ce que j’ai fait et ce que je vais faire. Je vais tenter d’assassiner la reine Élisabeth ».

Avec des références apparentes à la saga Star Wars, il se présente comme un Indien sikh et dit chercher « revanche » pour un massacre commis en 1919 par les troupes britanniques contre des manifestants en Inde.

Si les arbalètes sont considérées comme des armes létales au Royaume-Uni, leur port ne nécessite aucune licence ni aucun enregistrement.

Les tentatives d’intrusion à Windsor comme au palais de Buckingham, résidence de la reine au cœur de Londres, ne sont pas exceptionnelles.  

La plus spectaculaire remonte à 1982, à Buckingham, quand un trentenaire, Michael Fagan, avait réussi à se frayer un chemin jusqu’à la chambre à coucher de la reine, qui se trouvait au lit.

Le 10 mai dernier, un homme souffrant de problèmes mentaux avait été vu escaladant l’enceinte des Royal Mews, les écuries de la famille royale britannique, puis la repassant dans le sens inverse vers la rue peu après. Il s’était fait arrêter rapidement avec de la cocaïne et un couteau de cuisine.

Élisabeth II ne s’y trouvait pas.

Mais les recours au « Treason Act » sont rarissimes. Le cas le plus célèbre remonte à 1981 quand Marcus Sarjaent avait été condamné à cinq ans de prison après avoir plaidé coupable d’avoir tiré cinq coups à blanc en direction d’Élisabeth II lors d’une parade.