(Kyiv) En visite surprise jeudi à Kyiv, le secrétaire d’État américain doit évoquer une nouvelle aide militaire de 2,7 milliards de dollars pour l’Ukraine et d’autres pays de la région, en pleine contre-offensive ukrainienne contre les forces russes.

Antony Blinken a fait le voyage en secret, pour cette seconde visite à Kyiv depuis le début de l’invasion russe lancée le 24 février et aujourd’hui en grande partie stoppée grâce aux fournitures d’armes occidentales.

Il a commencé par visiter, corbeille de peluches avec lui, un hôpital traitant des enfants victimes de la guerre, en compagnie de son homologue ukrainien Dmytro Kouleba. « J’ai ramené des amis », a-t-il dit aux patients.  

« Le secrétaire voulait vraiment venir (à Kyiv) car c’est vraiment un moment important pour l’Ukraine », a indiqué une responsable américaine accompagnant M. Blinken, sous couvert d’anonymat.

Les forces ukrainiennes mènent depuis la semaine dernière une vaste contre-offensive pour reprendre aux Russes la région de Kherson, dans le Sud du pays, d’importance vitale pour l’économie ukrainienne et stratégique car frontalière de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014 et base arrière de l’invasion.

Si peu d’informations sont disponibles, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a en outre revendiqué mercredi soir des gains territoriaux dans le Nord-Est, près de Kharkiv, sans nommer les localités capturées.

« Toute l’assistance en matière de sécurité vise à garantir que l’Ukraine réussisse sa contre-offensive », ce qui serait « très significatif pour la suite de la guerre », a encore souligné la responsable américaine.

« Succès manifeste »

Quelques heures avant l’arrivée de M. Blinken à Kyiv, le secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin avait annoncé 675 millions de dollars d’aide directe à l’Ukraine sous forme de livraison d’armements, de munitions et de HIMARS, des systèmes d’artillerie qui ont déjà permis à Kyiv de frapper les lignes d’approvisionnement russes.

En rencontrant ses alliés sur la base militaire de Ramstein en Allemagne, M. Austin s’est félicité du « succès manifeste » des forces ukrainiennes face aux Russes sur le champ de bataille.

Les représentants de plus de 40 pays et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg se retrouvent jeudi sur cette base pour discuter des défis que le conflit pose en termes de production d’armement et coordonner leur aide militaire, cruciale pour l’Ukraine.

À cette aide directe de 675 millions s’ajoutent deux milliards de dollars de prêts et de subsides pour l’achat d’armes américaines pour l’Ukraine et 18 de ses voisins qui se sentent menacés par la Russie. La moitié de cette somme irait à Kyiv.

Parmi les autres pays éligibles figurent la Géorgie et la Moldavie, qui ont sur leur territoire des zones contrôlées par des séparatistes prorusses, ainsi qu’aux pays baltes ou encore à la Bosnie, où les tensions vont crescendo avec les dirigeants serbes.

Antony Blinken a informé le Congrès de l’octroi de ces 2 milliards de dollars destinés à « renforcer la sécurité de l’Ukraine et de 18 de ses voisins », dont « un grand nombre » de pays de l’OTAN et « d’autres partenaires régionaux » se sentant menacés par la Russie, a déclaré un responsable du département d’État, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

15,2 milliards

Cette aide porte à 15,2 milliards de dollars l’assistance militaire américaine à l’Ukraine depuis le 24 février.

Le voyage de M. Biden en Ukraine intervient alors que Kyiv a été déçue de la décision du président américain Joe Biden de ne pas qualifier la Russie d’État soutenant le terrorisme, une mesure réclamée par M. Zelensky pour isoler encore la Russie, déjà frappée de sanctions économiques.

Sur le terrain jeudi, la ville de Kharkiv a de nouveau été visée par des bombardements russes dans la matinée, faisant deux morts et cinq blessés, selon le gouverneur de la région Oleg Sinegoubov.

Trois autres personnes ont été tuées et cinq blessées ces dernières 24 heures dans la région de Zaporijjia, dans le Sud du pays, et sept autres ont trouvé la mort dans celle de Donetsk, dans l’Est industriel.

L’armée russe assurait de son côté continuer de causer de « lourdes pertes » à son adversaire.

Quant aux sanctions, le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine assuré qu’elles avaient échoué à « saper notre stabilité financière ».

Il a souligné que les tentatives de s’en prendre aux exportations énergétiques russes avaient permis à la Russie de remplir ses caisses, à la faveur des hausses des prix de l’énergie, alors même que les livraisons à l’Occident ont considérablement baissé, notamment du fait de la fermeture du gazoduc Nord Stream par Moscou.