(Toulon) Après onze ans de fuite avec sa fille et son extradition de Suisse cet été, une mère de famille a été condamnée à cinq ans de prison vendredi par la justice française, pour soustraction et non-présentation d’enfant et dénonciation calomnieuse envers son ex-mari.  

Priscillia Majani, 48 ans, a été condamnée par le tribunal correctionnel de Toulon (sud-est de la France) aux mêmes peines prononcées contre elle en 2015 et 2016, alors qu’elle était en fuite, soit deux ans de prison pour dénonciation calomnieuse et trois ans de prison avec privation des droits civiques et parentaux pour non-représentation de son enfant.

Ces deux peines qui concernent deux dossiers distincts sont cumulables.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public, Dominique Mirkovic, avait appelé à la condamnation d’« une mère manipulatrice, qui a ourdi un complot contre le père », écartant la thèse de la défense d’« une mère simplement inquiète, qui a tenté de protéger son enfant ».

Mme Majani avait disparu avec sa fille de cinq ans en 2011, dans un contexte de « conflit conjugal » fort, reconnu par toutes les parties, autour de la garde de l’enfant, après avoir accusé le père de viol et d’agression sexuelle sur leur fille. Cette plainte avait été classée sans suite.

La prévenue avait finalement été extradée en août de Suisse, où elle avait été arrêtée quelques mois plus tôt à l’issue d’un banal contrôle routier. Elle avait expliqué s’y être cachée pendant six à sept ans, après avoir résidé dans « différents pays ».  

« Ma fille est la victime et je continuerai de le dire. Je ne suis pas responsable », a réaffirmé Mme Majani en réaction au jugement.  

L’audience a duré près de cinq heures vendredi, dans un contexte tendu entre la prévenue et sa défense et la présidente du tribunal, alors que plusieurs personnes manifestaient leur soutien à Mme Majani devant le palais de justice.  

Le père, partie civile, a quant à lui déclaré ne pas pouvoir « s’empêcher de penser que (sa) fille est foutue », car « aliénée par sa mère ». L’adolescente, aujourd’hui âgée de 16 ans, est à la garde des autorités suisses et refuse tout contact avec son père.

Le tribunal a accordé au père 25 000 euros (33 000 $ CAN) de dédommagement au titre du préjudice subi et 1500 euros (1994 $ CAN) en raison des frais engendrés.  

Les conseils de Mme Majani ont soutenu lors de leur plaidoirie que la place de leur cliente était « auprès de sa fille en Suisse ».