(Bruxelles) Les alliés de l’Ukraine se sont engagés mercredi à Bruxelles à renforcer sa défense antiaérienne « dès que possible », après deux jours de bombardements russes intensifs sur le pays.

Les puissances occidentales cherchent – avec difficulté – les moyens de fournir à l’Ukraine leurs systèmes les plus avancés, car elles en ont elles-mêmes des quantités limitées, reconnaissent des diplomates.

À son arrivée au siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov n’a prononcé que quelques mots, résumant laconiquement le sujet du jour : « Systèmes de défense antiaérienne ».

« Les systèmes seront fournis aussi rapidement que possible », a assuré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, à l’issue d’une réunion des quelque 50 membres du groupe de contact pour l’Ukraine, créé et dirigé par les États-Unis.  

« Nous allons fournir des systèmes dont nous disposons […] Nous allons aussi essayer de fournir des munitions supplémentaires pour les systèmes que les forces ukrainiennes utilisent actuellement », a-t-il précisé.

La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a confirmé à son arrivée qu’un premier système de défense allemand de dernière génération Iris-T avait été livré à l’Ukraine. « L’an prochain, trois autres de ces systèmes de défense antiaérienne suivront », a-t-elle ajouté.  

« Ce sont des systèmes très complexes, de haute technologie », a-t-elle expliqué pour justifier un tel délai de livraison. « Mais nous faisons tout pour que cela se fasse aussi rapidement que possible ».

Les Ukrainiens ont « un besoin urgent » de défense antiaérienne pour faire face aux bombardements indiscriminés de la Russie, a reconnu le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

« Certains alliés ont fourni de tels systèmes de défense », a-t-il souligné. « Mais les Ukrainiens ont besoin de plus ».

« Ils ont besoin de différents types de défense aérienne, à courte portée, à longue portée, de systèmes contre les missiles balistiques, les missiles de croisière, les drones. Différents systèmes pour différentes tâches », a-t-il expliqué.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé la création d’un « bouclier » antiaérien au-dessus de l’Ukraine.

Les États-Unis ont promis le système de défense antiaérienne NASAMS, dont les deux premiers exemplaires doivent arriver prochainement en Ukraine.

Ils en ont promis six de plus, mais là aussi, ce sont des équipements qui doivent être commandés à l’industrie de défense et leur livraison pourrait ne pas intervenir avant deux à trois ans.

Dans l’intervalle, les membres de l’OTAN pourraient donc se tourner vers des équipements plus anciens comme le missile antiaérien de fabrication américaine Hawk, dont les premières versions datent de la Guerre froide, mais qui a été modernisé jusque dans les années 2000, selon des responsables américains.  

Les États-Unis ne l’utilisent plus, mais ils en ont vendu des milliers d’exemplaires à de nombreux pays étrangers et ils pourraient se tourner vers ces pays pour les envoyer à l’Ukraine.  

Reconstitution des stocks

L’autre priorité est « la reconstitution des stocks d’armements et de munitions des pays de l’Alliance » atlantique, car ils « se sont réduits » avec les livraisons à l’Ukraine, a averti Jens Stoltenberg.

« Nous avons besoin de les reconstituer pour assurer notre défense et pouvoir continuer à soutenir l’Ukraine », a-t-il expliqué.

« Nous avons de sérieux problèmes sur les stocks de munitions », a confirmé le représentant d’un pays de l’OTAN.

Le soutien à l’Ukraine sera également discuté mercredi soir lors du dîner de travail des ministres des 30 pays de l’organisation et « des annonces sont attendues », a assuré le représentant d’un de ces pays.

Le chef de l’OTAN a souligné que cette réunion intervenait à un « moment charnière » du conflit, le président russe Vladimir Poutine ayant répondu à des revers sur le champ de bataille par l’annexion de territoires ukrainiens et des menaces nucléaires voilées.

Les Occidentaux disent n’avoir constaté aucun changement dans la posture nucléaire de Moscou, mais ils ont mis en garde la Russie contre l’usage d’une bombe nucléaire tactique en Ukraine.

« Nous avons bien sûr vu les spéculations sur l’usage d’une arme nucléaire de faible puissance en Ukraine et nous avons clairement fait savoir à la Russie que cela aurait des conséquences graves pour la Russie », a souligné M. Stoltenberg.