(Québec) « L’Ukraine joue sa survie, c’est ce qui explique pourquoi les Ukrainiens sont si déterminés », estime un des spécialistes de la question ukrainienne au pays, Dominique Arel, à la veille d’un forum international à Ottawa sur ce pays en guerre.

Le séminaire de recherche Danyliv s’ouvre officiellement jeudi soir et accueillera une douzaine de chercheurs ukrainiens qui ont soit pu fuir leur pays ou soit qui ont pu se déplacer récemment pour se rendre à Ottawa, malgré les lourds bombardements des derniers jours dans les villes ukrainiennes.

Ce séminaire est le « premier grand évènement » universitaire sur l’Ukraine à regrouper en personne des chercheurs depuis le début de l’offensive russe le 24 février 2022, a précisé M. Arel, dans une entrevue avec La Presse Canadienne mercredi.

Il étudie l’Ukraine depuis une trentaine d’années, avant même la chute de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), alors qu’elle était encore une république fédérée, à l’époque de Mikhaïl Gorbatchev.

C’est « incontestable » qu’il y a un regain d’intérêt envers les études ukrainiennes, étant donné les impacts que cette guerre a dans la vie quotidienne partout dans le monde, que ce soit en raison de la crise énergétique, des problèmes d’approvisionnement en denrées, a expliqué M. Arel.

« Ça ébranle finalement les structures du monde entier », a-t-il déclaré dans un entretien téléphonique.

« Les Ukrainiens se révèlent même, ils se révèlent militairement, ils se révèlent en tant que nation soudée. Ce serait difficile maintenant de rencontrer quelqu’un qui n’aurait jamais entendu parler des Ukrainiens au moins simplement aux nouvelles. »

Depuis le début de l’agression russe, l’Ukraine a subi des revers importants, perdu des territoires et subi des dommages considérables à ses infrastructures, mais elle tient le coup et a même réussi à regagner du terrain depuis les dernières semaines.

L’expert de l’Université d’Ottawa dit recevoir des messages d’espoir de ses interlocuteurs, tous ses contacts qu’il a tissés en Ukraine pendant ces nombreuses années.

« Au-delà de l’horreur, c’est l’incroyable détermination des Ukrainiens. C’est toujours le message qu’on reçoit même après la catastrophe de lundi (les bombardements). Ça n’a absolument pas ébranlé leur confiance au fait qu’ils vont gagner la guerre et que cette guerre va se terminer même à leur avantage. »

Ainsi, le spécialiste tire des conclusions différentes de ceux et celles qui temporisent ou qui plaident pour des négociations avec le président russe Vladimir Poutine pour conclure la guerre.

« C’est assez explicite que la Russie sous Poutine cherche à détruire l’Ukraine en tant qu’État et même à s’en prendre aux Ukrainiens en tant que collectivité ethnoculturelle, en répétant qu’ils n’existent pas. […] La véritable guerre existentielle est en Ukraine, c’est L’Ukraine qui est agressée dans une guerre comme on n’en avait pas vu depuis la Seconde Guerre mondiale. »

De nombreux sujets seront abordés durant les ateliers du séminaire, notamment la question des populations déplacées, des crimes de guerre, des conséquences économiques, du rôle des artistes, etc.

« Je ne sais pas encore ce que je vais apprendre, mais je suis sûr que je vais apprendre une tonne de choses, mais c’est aussi une façon de donner une plateforme très importante aux Ukrainiens », a conclu M. Arel.

Il y aurait 1,4 million de personnes d’origine ukrainienne au Canada, dont 42 500 au Québec.